31 mai 2007

"Supplément au voyage dans une librairie"

La pluie ne m'aime pas.
Elle est restée éloignée de la rue Alexandre Parodi toute la journée. En fait, elle a attendu ma sortie, à la fin du travail, pour se mettre à tomber.
Sous les gouttes, je ne pensais qu'à une seule chose: "J'ai envie de vacances!!!".
Je m'imagine très bien sur une plage, le sable doré me chauffant les pieds. Une mer bleue où, quand on s'éloigne du bord, on voit encore le fond. Quelques serviettes, mais pas trop, sur lesquelles des corps lézardent au soleil. Un livre dans une main et l'autre qui joue à faire glisser les grains de sable entre les doigts. Comme seule musique d'ambiance, le bruit des vagues et, comme décor, une crique entourée de montagnes. Le rêve.

Mais j'arrête, je suis sûre que je vous donne envie.
Il faut dire que ce besoin de vacances est alimenté fortement par les clients. Presque tous les jours, un client ou plutôt un futur vacancier entre dans la librairie avec un seul but: trouver le livre qui fera également le voyage. Ce livre peut avoir deux thèmes:
- soit un guide pour visiter la ville ou le pays où il part.
- soit un(des) roman(s), si possible épais, pour le(s) lire dans la tranquillité des vacances.
Aujourd'hui, les heureuses gagnantes étaient au nombre de deux: une part pour l'Italie et l'autre pour l'Afrique.

Le voyage était un peu le thème de la journée.
Un homme est entré dans la librairie pour proposer de nous offrir un livre qu'il avait aimé. Il voulait que ce livre voyage entre les mains de plusieurs personnes...dans la mouvance du bookcrossing.
Bookcrossing: action de laisser un livre, qui a été lu et aimé, sur un banc, dans un café, de le donner afin de faire circuler les livres, de titiller la curiosité, de partager des textes aimés.
Une amie m'a parlé un jour d'un musée où une petite cuillère est en libre service. Tout le monde peut la prendre, la faire voyager et la ramener. A chaque fois, il faut laisser un petit mot en disant seulement où elle est allée. Apparemment, elle a déjà vu de nombreux pays. Il faudrait que je redemande à cette amie dans quel musée on peut la trouver.

Dans l'après-midi, nous avons cherché un livre pour une commande. Il est édité chez un petit éditeur. Nous appelons pour savoir comment ce livre effectue son voyage de sa maison d'édition à son lieu de villégiature. La réponse est le voyage par courrier avec les frais de port pour la librairie.
Glup! Car ça veut dire que pour ce travail la librairie ne gagne rien. En effet, chaque éditeur fait une remise sur les livres dont la moyenne est de 35% du prix du livre hors taxes. Sachant que le livre coûte 10 euros environ, la librairie gagne 3,50 euros dessus. Mais si elle doit payer le voyage (de l'ordre de 3 euros et quelques centimes), elle gagne quoi au final? Il est difficile d'entendre que la librairie fait parfois un travail qui ne lui rapporte rien...

Nouvelles de dernière minute:
- Un client nous a parlé de sa passion des serpents. Il en élève un dans son appartement. Il vient de l'avoir, il est encore jeune mais il pourrait atteindre plus d'1m50 à sa taille adulte...Glup! reGlup! J'espère que l'aquarium est bien fermé.
- J'ai eu un cadeau. Un fidèle client m'a offert un livre de poésie. Je suis gâtée.
A Noël ou à mon anniversaire, il est rare que je reçoive des livres. Mon entourage doit se dire que pour une future libraire, ça ne sert à rien de m'en offrir "elle va en voir assez comme ça". Et bien pas du tout, j'adore en recevoir. Seule une personne m'en offre régulièrement. A chaque fois, je ressens un véritable bonheur en découvrant le livre qu'il a choisi pour moi. Un voyage vers l'inconnu passionnant.

L'agence de tourisme vous propose comme offres:
- Les vacances du petit Nicolas de Sempé et Goscinny.
- Deux ans de vacances de Jules Verne.
- Le guide du voyageur galactique de Douglas Adams.
L'agence Litote vous souhaite un agréable voyage.


La jeune stagiaire et la mer.

30 mai 2007

Visite surprise de Jean Daive


Maryline et moi espiègles devant notre vitrine consacrée à Jean Daive, à l'occasion de la parution de son roman Le Grand incendie de l'Homme, Seuil.

Jean Daive avec une casquette et Claude Royet-Journoud devant la vitrine.
Mais de quels livres parlent-ils?
Ah si la vitrine pouvait parler!


Jean Daive en train de modifier l'affiche de son livre Le Grand incendie de l'Homme.C'est un roman et non de la poésie.

Wanted: Recherchons livre de grand format...

vu pour la dernière fois hier.

Rappel des faits:
10h: Ouverture de la librairie. La rue est calme. Tout est normal.
10h30: Une cliente nous demande un livre. Nous l'avons en boutique, jusque-là, tout va bien
10h31: Tout bascule...Nous ne retrouvons plus le livre. Nous le cherchons. Nous nous disons qu'hier matin encore nous l'avions vu à sa place. Nous le cherchons dans la librairie en se disant qu'un client l'a déplacé. Espoir, maigre espoir.
10h33: L'enquête conclut que le livre a été volé. Quelqu'un a volé un livre dans une librairie de quartier qui se bat pour continuer à offrir un service de proximité.

Ce genre d'aventure peut amener à suspecter tout le monde. Je me rappelle de mon expérience au salon du livre de Paris. Je travaillais pour une grande maison d'édition qui avait un stand assez vaste. Une de mes principales missions était de surveiller pour éviter les vols.
A la fin, mes amies et moi devenions totalement dingues. Nous suspections tout le monde. Du groupe de jeunes à la maman avec son enfant dans la poussette en passant par le petit grand-père. Quand nous pensions en avoir repéré un, nous organisions une surveillance rapprochée. Nous nous faisions des signes, des regards du style policier en mission. Chacune le prenait en charge dès qu'il rentrait dans son secteur. Certains étaient pris mais la majorité était composée de simples visiteurs.

Dans la librairie, il est difficile d'organiser des surveillances rapprochées. Nous ne pouvons pas être derrière chaque client. Cela les ferait fuir. Et la surveillance n'est pas le but de notre travail.

Autre mauvaise nouvelle du jour: Internet fait encore des siennes. Cet après-midi, il a oublié de venir travailler. Rrrr...

Maintenant, passons aux bonnes nouvelles:
Nous avons eu, ce matin, la visite de Jean Daive, l'auteur du roman Le grand incendie de l'homme. Il est resté discuter, découvrir la librairie et regarder la vitrine. Vitrine qui a été décorée à l'image de l'auteur. Son oeuvre est présentée et des affiches ont été accrochées. Affiches gentiment données par l'éditeur après une demande.

Puis j'ai accompagné Corinne à la banque, voir toutes les opérations à faire pour la librairie: vérifier le solde de la librairie pour pouvoir payer toutes les factures qui tombent à la fin du mois, placer l'argent, quand il y en a, pour avoir une petite réserve, déposer l'argent.
1ère étape: le guichet pour déposer les chèques
2ème étape: le mangeur de billet automatique pour déposer les billets. Pas très rassurant car on dépose de l'argent à la vue de tout le monde. Tout peut se faire maintenant par les machines. Il est où le contact humain?

L'après-midi, de nombreux cartons ont été ouverts. Nous avons remarqué qu'un très grand distributeur faisait des efforts. Avant, il fallait lui laisser une bonne semaine pour nous livrer. Mais depuis plus d'une semaine, la durée d'attente a diminué. Nous espérons que cela va durer.

Enfin, aujourd'hui est un grand jour. La fille de Corinne a 18 ans. La majorité: le permis, le droit de vote et bientôt la fac. Des choses exaltantes à vivre.
Bon Anniversaire!


Les heureuses aventures de la stagiaire Stéphanie.

29 mai 2007

Quand ça ne marche pas...ça ne marche pas.

Après un week-end au vert, la reprise fut légèrement dure. Il fallait bien que ça m'arrive un jour.
Le bruit du trafic me réveillant, oubliant que j'avais commandé une nuit avec une heure de plus. Un soleil parti en vacances et ayant choisi comme remplaçant le vent. Brrr...
Des métros remplis à ras-bord et des marteaux-piqueurs assénant leur musique sur les passants.
A la librairie, l'élément de mauvaise humeur était l'ordinateur ou plus exactement la connexion internet. Elle n'était pas heureuse de reprendre le travail. Alors pour nous le faire savoir, elle a décidé de faire des grèves de connexion. Sans prévenir, elle refusait de faire son travail. Résultat: impossible de surfer sur le net. Pour améliorer son impact sur nos nerfs, elle le faisait par intermittence.
Marche...marche pas...marche...tiens, j'ai décidé de ne plus marcher...bon je m'ennuie, je remarche...oui, mais c'est fatiguant le travail, vais faire une petite sieste, marche plus...
Rrrr...

Il faut appeler l'assistance téléphonique: "ne quittez pas, nous allons prendre votre appel"..."merci d'attendre, un responsable va prendre la communication"..."patientez , je vous passe un collègue"...
Pfff...

Après moult discussions, moult réflexions "nous ne comprenons rien aux drivers, éthernet, firebox, modem...", moult questions, moult vérifications, la réponse est tombée. Le problème ne vient ni de la ligne ni de la connexion. Il faut chercher ailleurs...Nous ne savons pas pourquoi ça ne marche pas.
rePfff...

Au déjeuner, la réponse était toujours cachée. Elle l'est toujours.
Mais le soleil est revenu de son week-end, le vent a été remercié. Et la bonne humeur a pointé le bout de son nez.

Le petit plaisir ressenti quand un enfant pousse la porte en s'écriant "ah! j'adore les librairies".

Le bonheur de participer au "café littéraire" de l'après-midi:
- Chacun tient sa tasse de café tout en discutant: libraires et visiteurs.
- Deux clients, ne se connaissant pas, discutent des livres qu'ils ont aimé ou non.
- Une discussion nous amène à imaginer toutes les astuces qu'un auteur pourrait utiliser pour être visible en librairie: commander son livre, le déplacer et le mettre dans tous les rayons, le mettre devant un livre qui a l'étiquette "coup de coeur", décoller les avis des libraires pour les mettre sur son livre...

La joie de découvrir les nouveautés. Chaque carton est un peu un paquet cadeau. Il arrive de tomber sur une mauvaise surprise. Le cadeau inutile qui restera dans un coin...

Mais le meilleur a été gardé pour la fin de la journée: trois roses accompagnaient un habitué. Une pour chaque libraire.
Je suis retournée dans le métro bondé, le sourire aux lèvres et une rose dans la main.


Stéphanie "Potter" à l'école de la vie.

28 mai 2007

Des livres, des trains et des hommes.

Samedi, fin du travail. J'ai décidé d'aller faire un tour du côté de la Basse-Normandie.
Moyen de locomotion choisi (obligé même): le train. Aller et retour.
Après le métro, j'ai espionné le comportement des gens dans ce lieu clos.
Pas très rassurant pour mon métier de libraire...
Très peu de personnes lisaient. La plupart écoutaient la musique que diffusaient leurs écouteurs. D'autres n'hésitaient pas à téléphoner. J'ai ainsi appris que ces personnes étaient dans le train, qu'elles arrivaient à 20h40 (merci, je n'étais pas au courant de ces informations)et, qu'à l'arrivée, un voyageur devait passer chez un ami avant de rentrer chez lui...
La dame, en face de moi, n'a pas levé les yeux de son portable de tout le voyage. Plus loin, une jeune fille se tenait bien droite sur son siège et avait le regard dans le vide. Elle a gardé cette posture tout le long du voyage. Elle attendait que le train l'amène jusqu'à destination. Le train allant en Normandie n'est pas ce qu'on pourrait appeler un sprinter, aussi l'attente fut longue.
Dans le compartiment du train, quatre personnes lisaient...moi incluse. Le réflexe de prendre un livre pour un voyage semble disparaître. Ou peut-être que tous les lecteurs étaient regroupés dans le même compartiment. Si c'est le cas, j'espère que ce n'était pas le mien...

Enfin bref...
La journée du samedi a été une bonne journée. Les clients étaient au rendez-vous.
Nous avons eu la visite d'un écrivain. Nous ne connaissions pas son oeuvre.
Comme dit Corinne: "Nous connaissons certains clients mieux que certains auteurs".
Nous avons fait quelques recherches pour combler nos lacunes, notre curiosité perpétuellement en éveil.

Une cliente nous a avoué avoir décidé de ne plus acheter ses livres dans les "grandes surfaces de produits culturels". Surfaces proches de son lieu de travail. Elle veut défendre les librairies indépendantes, de quartier. Cet aveu nous a fait chaud au coeur.
Dans la semaine, déjà, une cliente nous avait apporté une lettre qui a été diffusée sur internet à propos de l'agreg et de l'achat des livres. Cette lettre est un plaidoyer pour les librairies indépendantes. Elle rappelle que les grands distributeurs ne sont pas mieux placés que les libraires de quartier pour se procurer les livres, que les délais d'attente sont identiques. Elle rappelle qu'il ne faut pas oublier son libraire. Un soutien fait toujours plaisir et nous rappelle qu'il y a toujours des amoureux des livres et des librairies.

Pour finir ce petit billet, une phrase attrapée au vol dans la librairie: "Il ne faut pas abîmer les livres. On est dans une librairie, c'est pas une bibliothèque." Le livre n'aurait-il pas la même valeur quel que soit l'endroit? à méditer...


Stéphanie, confession d'une accro du livre.

26 mai 2007

La marche de la stagiaire

Cela fait maintenant 7 semaines que je participe à la vie de la librairie.
7 semaines que j'apprends sur le métier et que je découvre le quartier.
Je n'habite pas le Xème arrondissement et, auparavant, mes passages dans le quartier ressemblaient plus à des passages éclairs qu'à des visites.
Avec le défilé des jours, je prends mes marques. Je découvre les habitudes du quartier.

Sortie de métro gare de l'Est. Les caméras me filment tous les jours, à la même heure. Slaloms entre les personnes qui traversent la gare.
Sortie rue Faubourg Saint-Martin, passage devant le chantier de la gare. Je pourrais presque dire bonjour aux ouvriers. Je suis passée devant eux tellement de fois. Je marche...je marche. Je traverse toute guillerette la rue. Le feu est presque toujours rouge pour les voitures quand j'arrive. Il doit bien m'aimer.
Passage devant les boutiques qui se réveillent et préparent leur représentation: montée de rideau, entrée des artistes (les marchandises) sur le trottoir. A la boutique qui propose de bronzer en quelques minutes, c'est l'heure du petit café. Au marchand de fruits, un vieux monsieur fait ses courses. Une fois il est là, une autre devant la boulangerie et encore une autre il se dirige vers un autre commerçant. Tous les jours, je glisse un regard en coin aux fromages mis en scène dans la vitrine d'un commerce. Les poulets commencent leur bronzage dans le four. Les matins frais, il dégage une chaleur agréable. Au café, les habitués savourent leur consommation chaude. Virage...un regard furtif à la vitrine de la pharmacie pour remettre mes cheveux en place...Ouverture de la porte...Je rentre en scène.

Déjeuner à 14h: comme dit un client, nous faisons la sieste à l'espagnole.
Ciel joyeux: pique-nique sur les bords du canal. La caissière de la supérette me reconnait maintenant. Les pigeons m'accompagnent. Balade au fil des rues. Ou lecture sur le bord du canal. Quand un bateau, rempli de touristes, passe, je sais qu'il est l'heure de retourner travailler.
Ciel triste: pause dans un café, une brasserie du coin.

Fin de journée. Fin du spectacle. Retour au métro. Heure d'affluence. Embouteillage aux portiques. Fin de mon voyage dans le Xème pour la journée. Vivement la prochaine représentation.


Ordonnance de la libraire:
- prescription: lire.
- posologie: de tout et régulièrement.
- extrait des composants: Et vive l'aspidistra! de George Orwell
La tombe des lucioles de Akiyuki Nosaka


Stéphanie, la piétonne de Paris.

24 mai 2007

Jouons aux devinettes...

La journée a été ponctuée de devinettes.

La grande devinette du jour est: "Pourquoi le logiciel qui gère le stock de la librairie ne marche-t-il pas comme nous le souhaitons?"
Nous nous sommes plongées dans l'exploration du logiciel pour essayer de percer à jour ce mystère. Nous avons alors découvert des fonctions qui nous étaient jusqu'alors inconnues. Nous avons trouvé le problème et le moyen de le régler.
Oh Victoire!
Puis, nous avons découvert un nouveau problème. Rrrr! Cet ordinateur fait joujou avec nos nerfs.

Maryline veut organiser un jeu où nous devrions répondre à des questions concernant le logiciel. Va falloir que je potasse.

Autre devinette: "Auriez-vous un livre dont l'histoire se passe en Allemagne durant les années 20?" heu...je réfléchis (oh lala, aucun titre ne me vient, je ne fais pas une bonne libraire)...heu...nous réfléchissons toutes...quelques titres sont donnés. La cliente choisit. Ouf, mission réussie.
Ou encore "auriez-vous des livres sur les araignées ou un livre dont l'héroîne s'appelle Luna?" Je vais voir ce qu'on peut faire pour vous. Luna me dit quelque chose. Zut! nous ne l'avons plus.
Il n'est jamais simple de conseiller un client. On tâtonne, on propose, on fait un petit topo. Topo qui au début, pour ma part, n'était pas fameux.
"ce livre est génial, super intéressant", "ce livre est trop bien" ou encore "il est vraiment sympa": des termes très vagues mais qui n'expliquent rien. Avec les jours, je m'améliore. Mes mots vagues sont accompagnés de phrases plus recherchées et qui donnent des renseignements sur le livre.
Ce qui est dur aussi est de conseiller pour un cadeau, notamment pour les enfants. J'ai toujours peur que l'enfant, en ouvrant son cadeau, s'écrie "oh mais c'est nul!" et que le client revienne échanger le livre.
Ce n'est pas encore arrivé...

Troisième devinette de la journée: Plutarque, qu'a-t-il écrit?
Nous nous sommes posé la question avec une cliente. Nous n'avons pas su répondre (moi qui ai étudié l'histoire ancienne à la fac...c'est un comble!).
Rentrée chez moi, j'ai fait quelques recherches. Je vous fais partager mes trouvailles.
Plutarque est l'auteur de Vies parallèles, Dialogues pythiques, Dialogue sur l'amour. Pour n'en citer que quelque-uns.

The last but not least devinette: Le livre Trois jours chez ma mère de F. Weyergans a reçu le Goncourt en quelle année?
Nous avons eu besoin de réfléchir avant de trouver la réponse. 2005. Nous ne nous en souvenions plus. Comme quoi les prix n'évitent pas l'oubli.

Ah oui! Au déjeuner aussi, nous avons eu droit à une petite devinette. "Qu'allons nous manger?"
Je n'ai pas eu besoin de réfléchir longtemps pour trouver la réponse...

Que vais-je lire ce week-end?
- Rude de Anne Catherine Fath
- La vie d'une autre de Frédérique Deghelt


Histoires inédites de la petite Stéphanie.

23 mai 2007

"Je vais le lire avant de l'offrir...

...ne fermez pas le paquet cadeau."
Une cliente lance cette phrase alors que l'étiquette allait être posée pour fermer le paquet.
J'étais en train de ranger quelques livres quand je l'ai entendue.
J'ai souri. Il m'arrive parfois de faire pareil. Acheter un livre pour un ami. Le lire rapidement en faisant bien attention que le livre ne garde pas les marques de mon passage. Puis l'offrir.
Apparemment, je ne suis pas la seule à utiliser cette technique.
De temps en temps, je brouille les pistes. J'inverse les étapes: je l'offre puis je l'emprunte.
D'autres fois encore, quand j'ai aimé un livre, je l'offre aux personnes que j'aime.
J'ai l'impression que le geste d'offrir un livre que j'ai aimé et qui m'a touchée revient, un peu, à un geste intime. J'offre un livre et, en même temps, j'offre une partie de moi. Des impressions que j'ai, des sentiments que je ressens et que j'ai envie de partager.
Enfin, bref...

Aujourd'hui, nous avons eu la visite d'un jeune homme à la recherche d'une librairie qui le prendrait en contrat dans le cadre d'un brevet professionnel de librairie. Durant 2 ans, il partagera son temps entre les cours théoriques et le travail en librairie. C'est la deuxième personne qui passe à propos du brevet professionnel.
Quel plaisir de rencontrer des personnes qui ont la même passion. Un jour, on sera peut-être collègues dans une librairie.

Autre visiteur du jour: un chien.
Nous discutions de tout quand le toutou est venu nous faire un p'tit coucou. Il a fait un tour. Maryline lui a demandé où était son papa. Timide, il n'a pas répondu.
Ne trouvant pas le livre qu'il cherchait, il est reparti sans regarder derrière lui.

Moi, j'ai trouvé mon livre de chevet:
- Avant les hommes de Nina Bouraoui.


Stéphanie, la stagiaire qui parlait aux lecteurs.

22 mai 2007

Nous avons perdu au loto...

...Même pas quelques piécettes pour rembourser les tickets.
Mais, parallèlement, j'ai gagné le droit de croquer les petits évènements de la librairie pour une semaine encore. C'est reparti pour des nouvelles aventures!

Reprise en douceur. Le soleil m'attendait pour me souhaiter une bonne journée. Mais le petit coquin. Une fois, dans le métro, il en a profité pour se cacher. A la sortie, je ne l'ai retrouvé que derrière de gros nuages.

10h: Je pousse la porte. Maryline est déjà d'attaque. Corinne nous rejoint à peine 5 minutes après mon entrée.
10h15: Je suis derrière la caisse. Une tasse de café vient parfaire mon réveil.
10h30 ou 10h45: Je descends les fameuses marches pour aller au sous-sol. Aujourd'hui, je prends mon deuxième cours de gestion. Leçon du jour: Corinne me montre comment vérifier les factures mensuelles que la librairie doit payer aux distributeurs.
Opération lente et fastidieuse à la longue mais importante pour éviter toute facturation de livres, que nous n'avons jamais reçu, par les distributeurs.
Petit à petit, j'apprends le métier. Et à aucune étape, je ne me suis dit que j'ai fait le mauvais choix. Quel plaisir d'évoluer dans un environnement rempli de livres et être entourée de personnes passionnées.

13h: Depuis le début du stage, j'ai une horloge à la place du ventre. Chaque jour, il se fait entendre à heure régulière. Il gargouille... et je sais quand il fait ça qu'il est 13h. Plus qu'une heure avant de le faire taire.

14h: pause, pouce, temps-mort.

15h30: fin de la mi-temps.
J'ai pas vu l'après-midi passée (je dis ça mais depuis le début du stage, je ne vois pas les jours passés). Visite d'un représentant. Comme il est difficile de choisir parmi toutes les nouveautés. Avec le temps, je devine peu à peu les attentes des clients. Mais il y a toujours le doute et la peur d'être passé à côté du livre qui marche ou d'avoir pris une quantité trop grande d'un livre dont personne ne semble vouloir. Clients qui ont retrouvé le chemin de la librairie après un long week-end. Commandes à passer. Recherches à effectuer...

19h ou avant... ou après..., je sais pas: Avant de partir, un dernier papotage en compagnie d'un habitué, préposé à chouchouter le rayon poésie. Une dernière halte pour parler du livre que j'ai choisi pour accompagner mon voyage sous Paris afin de rentrer chez moi.

Mercredi, c'est sortie: Demain sort au cinéma Le Scaphandre et le papillon de Julian Schnabel. Je ne l'ai pas vu. Mais le livre que j'ai choisi, avant de partir de la librairie, est le livre qui a servi de base. Magnifique, bouleversant.
- Le scaphandre et le papillon de Jean-Dominique Bauby.

La demoiselle du Xème, stéphanie.

20 mai 2007

Courte journée.

Samedi, courte journée. J'ai fini vers 15H30.
La journée a été très paisible (Ouf! la semaine prochaine n'a pas de jour férié, le rythme de la librairie va reprendre).
Vu la fréquentation, Corinne m'a donné mon après-midi. Chouette! Je vais pouvoir travailler un peu mon rapport de stage. Quelle belle parole. Une fois chez moi, je me suis laissée tomber, avec délectation, sur mon lit avec un livre à dévorer. Un vrai petit bonheur. Je ne me suis relevée que pour partir faire la Nuit des musées. Le rapport, je le continuerai ce week-end.

Quand la librairie est calme, nous en profitons pour ranger un peu, faire le ménage, faire diminuer la pile de papiers divers qui grandit sur le bureau. De plus, nous en profitons pour feuilleter les livres, regarder les nouveautés pour nous les mettre en tête, repérer où ils sont rangés afin de servir au mieux un client.

A 14h, durant sa pause déjeuner, Corinne m'a laissé tenir la librairie toute seule!
Quelle plaisir.
Mais l'heure a été comme toute la matinée, calme.
Les quelques clients venaient chercher un titre précis. Nous les avions mais je sais pas pourquoi à chaque fois je mettais un peu de temps à les retrouver. Je partais faire des recherches poussées dans la librairie pour les retrouver.

Une cliente est partie en oubliant ses achats. 10 minutes plus tard, elle revient en disant: "N'auriez vous pas vu mon sac avec Babar?" "Comment peut-on oublier Babar".
Nous avons souri et la cliente est repartie cette fois-çi avec Babar sous le bras.

Nous avons joué au loto...On sait jamais...

Lectures à finir ce week-end:
- Le chameau sauvage de Philippe Jaenada.
- Venises de Paul Morand.

Du côté de chez Stéphanie.

18 mai 2007

La descente des marches à la Litote en tête

Après un triste jour férié, quel plaisir de quitter mon appartement accompagnée par le soleil. Il m'a souri jusqu'à l'entrée dans la librairie. Il m'a tenu compagnie à l'heure du déjeuner. Mais la pluie était jalouse alors pour se faire remarquer, elle est venue nous rendre visite dans l'après-midi.

La journée a été calme. Les passants ont été sûrement frappés de timidité. Ils n'osaient pas rentrer en voyant une librairie paisible. Ou tout simplement, ils ont profité du jour férié pour faire le pont...
Entre deux conseils, les conversations ont eu comme thèmes: les recherches d'appartements, le film L'amant de Lady Chatterley, l'éternel problème de "qu'est-ce qu'on va manger ce midi ou ce soir?" (question encore présente dans mon esprit ce soir), la piscine.

Le moment fort de ma journée a été la descente des marches (sans tapis rouge) menant au sous-sol. J'ai fait mes premiers pas dans la gestion: remplir les bordereaux pour encaisser les chèques et la monnaie, trier les chèques-lire. C'est une première approche mais très intéressante.
En bas, je comptais et recomptais (toujours la peur de se tromper dans les calculs) et j'entendais la vie de la librairie en haut des marches. C'est une sensation bizarre. Les conversations, le bip quand le livre est passé à la caisse et le bruit du tiroir-caisse me parvenaient mais je n'y participais pas. Je ne pouvais pas voir quel client entrait et quel livre partait.

Puis je suis remontée à la surface reprendre part à la vie si sympathique de la librairie.

Idées de cadeaux pour les fêtes à venir:
- Edward Hopper chez Flammarion
- Voyage d'un Européen à travers le XXème siècle de Geert Mak
- Mal de pierres de Milena Agus

Les mille et une aventures de Stéphanie.

17 mai 2007

Et hop! des retours préparés.

Bonjour ou peut-être bonsoir, selon l'heure de lecture.

Hier, mercredi, ma journée de travail peut se résumer en un seul mot: les RETOURS.
Chaque semaine, de nombreux cartons remplis de nouveautés passent le pas de la porte. Il faut trouver une place à ces nouveaux arrivants. Nous n'avons pas encore trouvé la bonne formule magique pour pousser les murs. Alors en attendant, nous devons organiser des retours de livres chez les distributeurs.

Pour bien réussir un retour, il nécessaire d'avoir:
- des cartons vides (récupération des réceptions)
- un ordinateur muni d'une douchette et d'une souris...de préférence.
- au minimun deux libraires: une décide des livres à retourner en faisant le tour de la librairie tandis que l'autre scanne les livres pour les sortir du stock et les ranger dans les cartons.
- les malheureux gagnants
- enfin, tout le matériel indispensable pour assurer la mission: scotch, ciseaux, bordereaux...
En tout, six cartons attendent le départ. Sniff.
Il y a un côté triste à faire des retours. Car, ne nous voilons pas la face, les livres, dans leur grande majorité, ne repartent pas pour une seconde vie dans une librairie. Ils partent au pilon. Un livre qui nous a plu, un livre dont on aurait aimé pouvoir s'y plonger, un livre conseillé...Ils repartent sans avoir trouvé leur lecteur (bon, je l'avoue, pour certains titres, je ne suis pas triste...)
Dans les retours, nous rajoutons les livres que nous recevons abîmés donc invendables. Je trouve qu'il y en a beaucoup...

Entre deux "scotchages" de cartons, les clients nous apportent leur sourire.

Un habitué est venu chercher un livre. Profitant du calme de la librairie, il nous a montré ses dernières emplettes. Une magnifique veste qu'il a essayé. Et un parfum qu'il nous a fait tester.
Durant quelques minutes, nous n'étions plus dans une librairie mais dans un salon d'essayage, de discussion. Grâce aux clients nous pouvons suivre l'actualité, les dernières modes...tout en restant dans la librairie.

Il arrive que des discussions profondes aient lieu. La dernière: je fais part à un client que j'ai remarqué que beaucoup de gens disaient "hop", "allez hop" par exemple en prenant le sac de livres ou en remettant le porte-monnaie dans le sac. Je trouve cela drôle. Moi-même je le dis, très souvent. Un réflexe ou pour se donner une contenance...

J'ai fait rire un client quand, par réflexe, je me suis excusée...auprès de l'objet qui sert à tamponner les cartes de fidélité et que je venais de bousculer.

Lectures pour jours fériés:
- La fille sans qualités de Juli Zeh
- Intrigue à l'anglaise d'Adrien Goetz

La belle journée de Mademoiselle Stéphanie.

16 mai 2007

Petit coucou de Co

Je suis rentrée du Maroc, du Haut-Atlas précisément.
J'ai laissé une partie de moi là-bas sous un ciel étoilé dans la Vallée heureuse ...

Il me faut quelques jours pour me réadapter.

Et comme Stéphanie se débrouille comme un chef et que c'est un plaisir de la lire...

Petit coucou aux artistes/randonneurs disséminés sous d'autres cieux.J'ai un pinceau en plus.Saha!

A très bientôt!

Co, tête de litote

15 mai 2007

J'ai perdu mes livres!

Mon dernier message était un faux départ. Me revoilou!
Ne vous inquiétez pas. Corinne est bien rentrée. Elle m'a proposé de continuer durant une semaine.
Des chroniques de la Litote en tête passionnantes, je vais vous faire.

La reprise a été bonne. M'extraire du lit a été aisé, vu les longues heures de sommeil que je me suis octroyée pendant mon week-end. Du trajet en métro, je n'ai vu que les marches d'escaliers pour les correspondances et le livre que j'avais entre les mains.

Corinne a retrouvé les bancs de la librairie. Elle nous a raconté son voyage. Je m'y voyais. J'ai rajouté dans ma liste des choses à faire, dans un futur plus ou moins proche, le mot "voyager".
En attendant, je voyage à travers les livres.

Parfois, je me dis que je passe la plus grande partie de mon temps devant l'ordinateur. Toute l'année, j'ai passé mes soirée devant pour taper mes dossiers pour mes études. Là, je suis encore devant. Je dois taper mon rapport de stage. C'est un peu mon animal de compagnie. Il m'arrive de lui parler.
"Plus vite" quand je vois la barre de téléchargement se remplir avec une lenteur extrême, "t'as un nouveau message pour moi?" quand je consulte mes mails ou "t'attends quoi, là?" quand je vois le petit sablier tournicoter devant mes yeux. Très bizarre comme relation.
A la librairie, c'est pareil. J'ai pris la mauvaise habitude de me glisser devant le clavier dès qu'on me demande un livre que je ne connais pas ou quand je ne sais pas si nous l'avons dans les rayons. Avec la profusion de titres et les réceptions qui se font par l'ordinateur, le rituel de remplir une fiche pour chaque livre n'existe plus. Rituel qui permettait de faire les présentations entre le libraire et le livre.
Aujourd'hui encore, une cliente me demande un livre. Je cherche dans l'ordinateur si nous l'avons. Je le trouve et là je me rends compte que le matin même je l'avais enregistré dans l'ordinateur! Je ne m'en rappelais plus.
Alors, j'ai décidé d'y remédier. A chaque nouveauté, je prends le temps de lire la quatrième de couverture et je le feuillete rapidement.
Quand un client me demande un livre qui m'est inconnu, j'essaie de lui poser des questions afin de repérer le livre directement dans la librairie. Je dis bien j'essaie. Les mauvaises habitudes sont tenaces et je ne suis qu'au début de mon sevrage.

Une autre de mes habitudes est de perdre les livres que je suis en train de tenir. Je pense que ce symptôme touche beaucoup de libraires.
Ce matin encore, je tenais une pile de livres que je devais ranger. Le premier, je le mets en vitrine. Pour qu'il soit bien visible, j'effectue quelques déplacements. Une fois la mission accomplie, je retourne tranquillement au bureau. Là, je cherche le reste des livres que je ne trouve pas. "Bizarre, où ai-je mis les livres?". Après quelques regards, je les retrouve là où je les avais mis: posés sur le rebord de la vitrine...
Jusqu'à ce jour, chaque disparition s'est conclue par d'heureuses retrouvailles.

Quelques habitudes:
- la lecture des tomes des Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire dès qu'ils paraissent.
- un Agatha Christie durant les grandes vacances.
- la lecture d'un tome de la bande dessinée Yoko Tsuno quand je suis prise d'une crise d'insomnie.

Stéphanie au pays des livres.

13 mai 2007

Le livre dont tout le monde parle

La journée de samedi pourrait se résumer par cette phrase: "Avez-vous le livre sur S. Royal? J'en ai entendu parler à la radio mais je ne sais plus le titre." "Ah vous parlez de Femme fatale, désolé, il est en rupture de stock."
Les personnes rentraient pleines d'espoir dans la librairie puis ressortaient après avoir entendu la réponse sans jeter un coup d'oeil sur les livres. Elles repartaient à la recherche du fameux livre. Pour le téléphone, idem. La même question et en retour la même réponse. Nous savions, en raccrochant, que nous les verrions pas.
Avec cette journée, je me suis rendue compte à quel point les médias jouaient un rôle majeur dans la vente d'un livre. Un passage à la télévision ou à la radio, une critique dans un journal et le livre a plus de chance de marcher.
Alors quand tout le monde s'y met, le phénomène prend de l'ampleur. Bien sûr, il est de courte durée car la semaine suivante, c'est le tour d'un autre livre.
Un client, au moment de payer, me dit en souriant: "j'ai lu un bon article dans le Monde, j'ai aussitôt eu envie de l'acheter".
C'est une bonne chose pour les livres. Mais que deviennent les livres qui n'ont pas la chance de profiter de cette visibilité? Visibilité qui joue beaucoup sur l'acte d'achat, même si le livre présenté n'est pas bon.
C'est là qu'intervient le libraire et qu'il sera toujours indispensable. Il conseille, défend les livres qu'il a aimés, les petites maisons d'édition. Un livre qui lui tient à coeur peut être présent plus de deux mois dans son stock: 2 mois étant la durée de vie moyenne d'un livre en librairie. C'est court! Je suis sûre qu'une conserve de petits pois est plus longtemps en magasin.
Avant l'arrivée des gros poids lourds la semaine dernière, le livre, numéro 1 des ventes, était L'élégance du hérisson de M. Barbery. Un livre que les libraires ont aimé, soutenu. Puis le bouche à oreille a continué le travail. Grâce à ce travail, sa date de péremption a été dépassée. Il est sorti à la rentrée.
De plus, à chaque fois qu'une personne me demande "je ne sais plus quoi lire, pouvez-vous me conseiller", je me sens utile et je me dis que le métier que j'ai choisi est important pour la vie des livres.

Entre deux "à la recherche du livre dont tout le monde parle", nous discutons de tout et de rien avec les clients: de l'incendie près de la gare de l'Est, des cartons qui n'arrivent pas: le livreur doit être bloqué, un périmètre a été installé au niveau de la gare. Mardi, des cartons à ouvrir il y aura...

A la pause déjeuner, je me suis surprise encore une fois à faire un geste que je fais à chaque fois. Je lisais un magazine où un article était accompagné d'une photo: un homme tout souriant qui pose devant une étagère de livres. Je penche la tête sur le côté pour tenter de lire les titres des volumes. J'aime faire ça, j'ai l'impression de connaître mieux la personne ou du moins de connaître ses goûts littéraires. Je me demande tout le temps si le choix de l'endroit est fait exprès et si les livres ont été sélectionnés exprès pour la photo: sûrement. J'image la personne enlever les livres qu'elle ne veut pas montrer. La prof d'histoire cacher L'histoire pour les nuls ou l'homme d'affaires qui glisse dans le fond de l'étagère ses livres de Barbara Cartland.

Dix minutes avant la fermeture, un fidèle client vient nous dire un petit bonjour...plutôt un petit bonsoir. Nous discutons quelques instants, plaisantant. L'ambiance est joyeuse, nous sentons le week-end approcher et la perspective de pouvoir profiter du temps libre. Le soir même, j'assistais, avec des amies, à un concert organisé dans le cadre d'un festival à Aubervilliers. Merci à La Truffe pour continuer à promouvoir la culture.

Corinne revient lundi et reprend le relais sur le blog. Je tiens à vous remercier d'avoir continué à suivre les extraordinaires aventures de La Litote en tête. Un grand merci à Corinne pour m'avoir donné la chance d'écrire. Ce fut un grand plaisir.

Mon festival de Cannes:
- dans la section long métrage: Fight Club de C. Palahniuk.
- dans la section documentaire: Tim Burton de A. De Baecque.
- dans la section film d'animation: Le Château de Hurle de D.W. Jones.
- palme d'or: L'histoire sans fin de M. Ende. Car le film a bercé mon enfance et que le livre m'a trouvé il y a peu de temps. Un plaidoyer pour le droit à la fantaisie, à l'imagination et au rêve.


La librairie selon Stéphanie.

11 mai 2007

Le calme avant la tempête?

Quelle journée éprouvante! Comme tout bon étudiant qui se respecte, j'ai des examens pour valider mon année d'études. Aujourd'hui, je passais un oral. Quel stress de devoir prendre la parole devant un jury attentif. La peur du trou noir, les mains qui tremblent lors de la première minute et l'impression que tout ce qu'on dit est totalement hors propos. Tout s'est bien passé. Ouf!
Le but de l'oral était de présenter le projet que nous avons réalisé, ma coéquipière, Donatella, et moi tout au long de l'année. Ce projet était de créer une librairie, de façon fictive. Penser au nom jusqu'au marque-page, en passant par l'assortiment. Notre bébé s'appelle Croc-Livres ("le crocodile qui donne envie de dévorer les livres", le symbole est un petit crocodile tout mignon). Peut-être que dans quelques années nous vous accueillerons dans notre librairie spécialisée pour la jeunesse...

Une fois l'oral fini et la pression vite oubliée, je me suis rendue à la librairie pour une courte journée de travail (heure d'arrivée 16h30). La librairie était calme. Apparemment, c'est une tendance globale aux librairies. C'est peut-être le contexte qui veut ça: les élections et les jours fériés. Le calme avant la tempête? Avant les passages de clients qui viennent acheter leurs livres pour les savourer au bord de la mer, en train de lézarder au soleil et un cocktail à portée de main.

Nous avons eu la visite d'une fidèle lectrice du blog. Elle n'était jamais venue. Nos petites anecdotes lui ont donné envie de connaître cet endroit. J'ai eu le plaisir de parler de ma formation et de mon expérience de travail à la librairie avec elle.

Nous avons perdu un carton: "il a disparu au coin de la rue et on ne l'a pas encore revu"*...En fait, un carton d'une autre librairie nous a été livré à la place. Cela arrive parfois. Le livreur travaille pour plusieurs librairies. Il y a tant de cartons qu'une erreur est possible. Cette confusion nous a permis de connaître une nouvelle librairie. En attendant de retrouver notre carton...

* référence à une chanson des années 80 dont le titre et l'interprète ont été oubliés.


Météo:
- Une petite ondée matinale avec quelques nuages: La théorie des nuages de Stéphane Audeguy.
- Accompagnée par un vent de rébellion: V pour Vendetta de Alan Moore.
- Un anticyclone apportera l'humour l'après-midi: Wilt, tome 1, de Tom Sharpe.


La stagiaire aux yeux verts.

09 mai 2007

Comme un goût de café littéraire...

Après un long week-end, la reprise fut un peu difficile. Le plus dur: sortir de sous la couette et lutter contre le bercement du métro qui m'invitait à partir au pays des rêves. Après un café vite avalé, je me sentais d'attaque.
La matinée a été calme. Tranquillité rythmée, régulièrement, par des vagues de clients. J'ai eu l'impression qu'ils s'étaient tous donnés rendez-vous aux mêmes moments. Un pic d'activités puis un creux et ainsi de suite.
Un client fidèle est passé. Nous avons parlé de ma confusion entre Dave, le chanteur et J. Daive, l'auteur du Grand incendie de l'homme.
Le passage de l'après-midi a été plus régulier. Eric Bouhier a poussé la porte de la librairie pour nous dire un petit bonjour. Une bonne demi-heure et un café après, il est reparti. Avant de disparaître, il a abordé un sujet à propos d'un golfe. "Attention, golfe avec un e" précise-t-il pour éviter toute confusion qui commençait à pointer le bout de son nez dans nos esprits.
Quotidiennement ou presque, la librairie se change, pour quelques minutes, en café littéraire. Les clients chanceux arrivent au moment du café. Ils s'asseyent sur les tabourets munis de leur tasse. Et le temps de déguster le liquide noir, nous discutons: de livres, des nouveaux supports qui peuvent concurrencer dangereusement le papier et donc le livre, l'actualité. Ces derniers temps, l'actualité revient souvent. Ces petites pauses, je les adore. J'apprends énormément. Dans ces moments, la librairie devient un reflet miniature de la vie du quartier.

Depuis quelques temps, une clé USB traînait dans un tiroir du bureau. Perdue par un client. Durant une période de calme, nous avons décidé de regarder les fichiers qu'elle contient. Ah, la curiosité!
Nous avons découvert des images animées, dans un style très manga. Sûrement pour un site. Le propriétaire reviendra peut-être un jour acheter un livre et récupérer son bien.

Programme de mes prochaines vacances:
- Le piéton de Paris: Visiter Paris avec comme guide Léon-Paul Fargue.
- Découvrir les Etats-Unis et l'histoire des comics durant la Seconde guerre mondiale grâce aux Extraordinaires aventures de Kavalier & Clay
de Michael Cabon.
- Rendre visite à ma grand-mère en Finlande. Ne pas oublier de mettre dans ma valise La douce empoisonneuse d' Arto Paasilinna.

"La stagiaire travaille au 17"

08 mai 2007

Des cartons à foison

Aujourd'hui, férié. La librairie est fermée. J'ai pu faire toutes les tâches ménagères qui s'accumulaient chez moi.

Le fonctionnement de la librairie, c'est un peu pareil. Beaucoup de tâches, variées et à ne pas oublier. Réceptionner les colis, entrer les livres dans le stock via l'ordinateur, les regarder pour retenir les titres et les auteurs puis les ranger dans le bon rayon afin de les retrouver rapidement.
Parfois (rarement), un client peut assister à la scène suivante: les trois drôles de dames qui se partagent les rayons et les tables pour mettre la main sur un livre introuvable mais qui est inscrit dans le stock. Chaque expédition se conclut sur une victoire. Aucun livre ne peut nous échapper... ou échapper au regard du client.

Ce qui m'a marquée, dès les premiers jours, est la quantité de cartons que la chaîne du livre consomme. En moyenne, dans une journée, nous recevons une demi-dizaine de cartons. Certains sont recyclés en colis de retours des livres mais la grande majorité est à dispatcher dans les poubelles. Tant de cartons jetés! Alors si vous êtes en plein déménagement ou si vous avez envie de vous faire un fauteuil club en carton, n'hésitez pas. Allez faire un tour chez votre libraire.

Le café de l'après-midi à la librairie me manquait. J'ai appelé des amis pour refaire le rituel dans le jardin du Luxembourg. Dans le métro, j'étais assise en face d'une jeune femme, le petit chaperon rouge car tout de rouge vêtue. Elle lisait Virgin Suicides(de J. Eugenides). Au bout de quelques minutes, elle s'est assoupie. J'espérais que cela soit la fatigue et non pas l'histoire qui l'ait fait s'endormir. J'ai aimé ce livre et j'aime me dire qu'il touche tous les lecteurs comme il m'a touchée.
Le métro est un endroit idéal pour étudier le marché du livre. Il m'arrive souvent de me pencher pour voir le titre du livre que mon voisin lit, de sourire quand je reconnais un titre qui m'a plu. Les livres les plus présents sont les policiers, les thrillers. Vient ensuite la littérature dite "chick lit", traduisez par la littérature de poulettes, comme la nomment les journalistes (Bridget Jones en est le fer de lance).
Je n'ai pas encore osé amorcer le dialogue avec un lecteur. Peur de le déranger. Quand on est plongé dans un livre, on n'a pas forcément envie d'être interrompu.
Ah! si. Je l'ai fait une fois mais la personne en face m'a regardé avec des grands yeux, m'a répondu un bref "oui" à ma remarque "il est vraiment bien ce livre" et a replongé aussitôt dans l'histoire. J'ai dû mal m'y prendre...

Programme TV:
- éteindre la télévision
- 20h40: le programme court, La triste fin du petit enfant huîtrede Tim Burton. Des poèmes dans la lignée de son oeuvre: Magique.
- 21h: Mangez-moi de Agnès Desarthe. Une galerie de personnages attachants. On aimerait faire partie de la clientèle du restaurant de l'histoire.
- 23h: Les enfants sont couchés, vous pouvez attaquer une lecture pour adulte. La longue marche des dindes de Kathleen Karr. Rien que le titre me fait rire. Ce livre pour enfants (plus de 9 ans)est drôle avec un rythme dynamique et un style enlevé. A mettre entre toutes les mains.
Bon programme.

07 mai 2007

Mes premiers pas dans l'écriture

Durant ses vacances, Corinne m'a proposé d'être votre nouveau messager pour raconter les aventures des drôles de dames de la Litote en tête.
Cela fait maintenant 4 semaines que je partage la vie de la librairie (et celle du quartier) en tant que stagiaire. 4 semaines intenses où je découvre, avec bonheur, le vrai métier d'une libraire.
Je ne suis plus la cliente qui achète des livres après avoir flâné longuement dans les rayons, en replaçant distraitement des livres mal rangés (oui, moult fois je me suis surprise à le faire), je suis passée de l'autre côté. J'accueille les clients, les conseille quand ils le souhaitent. Je réceptionne les livres (quel plaisir de voir les nouveautés arrivées, je peux les feuilleter avant tout le monde) et parfois je m'occupe des retours des livres chez le distributeur. De ma nouvelle place, je repère désormais les clients amoureux des livres qui, comme moi, replacent les livres.

Au cours de mes journées de travail, j'ai remarqué qu'il y avait plusieurs types de clients, dont:
- les "sûrs d'eux": en entrant, ils ont déjà leurs idées. Ils se dirigent directement vers le rayon, prennent le livre, le payent et après quelques mots disparaissent aussi vite qu'ils sont entrés.
- les "joyeux": ils entrent un grand sourire aux lèvres, les premiers à dire bonjour. Ils viennent pour regarder les livres et en profiter pour discuter de la pluie et du beau temps.
- les "timides": ils entrent. La libraire lance, la première, le bonjour pour leur montrer qu'ils ont été vus et leur indiquer que nous sommes à leur disposition. Ils flânent dans la librairie sans trop savoir où chercher et n'osent demander. Une simple phrase de notre part "puis-je vous aider?" et aussitôt le contact est créé. Ils n'osaient pas demander, comme s'ils avaient peur de gêner.
- les "grincheux": rares dans la librairie, peut-être 2 depuis mon arrivée. Dès leur entrée, nous sentons qu'il faut être deux fois plus souriantes, accepter leurs remarques sur notre travail, sur l'absence d'un livre ou d'un qui n'est pas encore arrivé.
- les "profs": ce n'est pas péjoratif. Avec eux, je sens comme si la future libraire ce n'était pas moi mais le client. je redeviens l'étudiante. Ils me parlent d'auteurs et de livres avec tellement de passion que la seule envie est de fermer la boutique, de se mettre dans un coin et de lire tous les livres mentionnés. Parfois je me sens le simplet de l'histoire car les auteurs cités je ne connais que leur nom et jamais je n'ai encore ouvert un de leurs livres. Un jour, un client me parle du nouveau livre de Daive (Jean), durant une fraction de seconde je pense au chanteur dans ma tête mais bien vite je me rend compte de mon ridicule quand je comprends qu'il parle d'un poète que je ne connaissais pas.

Ainsi, chaque jour, je quitte la librairie avec pleins de titres nouvaux dans la tête.
Toute l'année, je me suis plainte de ne pouvoir plus lire autant qu'avant(mes études me prenant beaucoup de temps). Avec le stage, je retrouve la joie de me plonger dans les livres. Dès le métro, je sors mon livre. Le soir, je bouquine. Dans la librairie, entre deux clients, je picore ici et là. Malheureusement, j'ai un nouveau problème: travailler dans une librairie donne envie de tout lire. Aussi chaque jour, je commence un livre que je ne finis pas car le lendemain un nouveau me fait envie. Résultat, je me retrouve avec une dizaine de livres entamés aux trois-quart. Avant je détestais cette pratique: quand je commençais un livre je m'obligeais à le finir, qu'il m'intéresse ou non. Je m'en faisais un devoir. Maintenant, je lis pour moi mais également pour pouvoir conseiller les clients.
Samedi dernier, une cliente entre, regarde plusieurs livres. Pour chacun, elle me demande si je l'ai lu, s'il est bien. Trois fois la question et trois fois la même réponse "désolée, je n'est pas eu le temps de le lire mais les critiques sont très bonnes ou je peux vous conseiller dans le même genre tel livre". Au final, elle est partie avec d'autres livres. Les livres que je n'avais pas lu sont restés sur les tables. Je me sentais un peu inutile.

Je ne me décourage pas car depuis le début du stage j'ai appris énormément sur les livres mais également sur le fonctionnement, la gestion d'une librairie... mais tout cela je le raconterai dans le prochain épisode...

Menu du jour
- entrée: Tous les feux le feu de Julio Cortazar. Un livre de nouvelles à consommer sans modération. Un vrai régal.
- plat principal: L'affaire Jane Eyrede Jasper Fforde. Rafraîchissant et idéal pour oublier le période morose actuelle. A déguster dans le métro, à la pause, à la plage ou tout simplement lové dans un canapé. Pour les plus gourmands, la lecture peut s'accompagner des suites (Délivrez-moi! et Le puits des histoires perdues).
- dessert: le classique Peter Pan de James M. Barrie. Redécouvrez la vraie saveur de cette histoire loin du dessin animé édulcoré et enfantin d'une certaine souris aux grandes oreilles et au short rouge.
Bonne lecture.

06 mai 2007

Editions Le Quartanier

De l'autre côté de l'Océan,un éditeur Le Quartanier publie des auteurs,des poètes français . Dans le dernier numéro de sa revue, nous pouvons ainsi faire connaissance de ces nouvelles voix.
Aujourd'hui, le poète Pierre Ménard, à qui nous devons la création de ce blog , m'a offert son livre Le spectre des armatures, collection Phacochères.Le livre sort prochainement. Ce cadeau est précieux,je l'emporte en voyage. Je le lirai sur le mont Atlas dans la quiétude.

La journée était tristoune aujourd'hui à la librairie, comme un lendemain de fête où nous n'aurions pas été invités.Le temps gris et froid, le résultat prévisible des élections,donnaient un air de mélancolie à notre petit coin de Parodi.

Nous avons quand même ri lorsqu'un de nos clients nous a avoué être aigri et avoir songé à monter le site "aigri.com" avec des amis dans le même cas...

...et lorsqu'une cliente nous a parlé de son week-end :
-"Dimanche, après être passée à l'urinoir, j'irai...
Je ne me souviens plus de la suite de son programme.Mais la connaissant, elle ira boire pour pouvoir mieux pleurer.

Un de nos clients, étudiant roumain, parle de notre librairie dans son blog, très lu en Roumanie.
Je ne lis pas le roumain mais si je n'avais pas oublié mon latin, je pourrai peut-être comprendre quelques mots tant cette langue en est proche.
www.supliment.polirom.ro/kostea

L'un de nos clients, fidèle et rigolo, m'a dit passer tellement souvent à la librairie, qu'il a l'impression d'y bosser.

Je pars une semaine en vacances.
En mon absence, je laisse le soin à Stéphanie notre stagiaire, d'écrire sur le blog si elle le souhaite, lundi, mardi, mercredi et samedi prochain.
Cousin Eric écrira peut-être aussi jeudi et vendredi.

Bon dimanche à tous,
A bientôt!
Co

05 mai 2007

Fruits de saison

-"Mais ils sont nuls, les livres qui apparaissent dans les meilleures ventes!, s'est exclamée Maryline,en feuilletant Livres Hebdo.
Elle a ajouté:
-"Devons-nous les avoir?"
Pas tous mais une partie.
Notre librairie est une librairie de quartier.Et vu la période actuelle, nous ferions faillite si nous les avions pas. A nous d'aiguiller les lecteurs égarés sur d'autres titres.

La période des "grands romans" comme les nomment subtilement certains éditeurs, arrive. Nous traduisons par "merdouilles" à lire sur un pédalo sans crainte qu'ils tombent à l'eau.Au milieu, se glissent des livres sur les régime minceur.
Après les livres politiques, sur les candidats, sur les affaires...pfft!

J'exagère un peu.
Nous avons quand même reçu mAterna, d'Hélène Bessette, coll. Laureli, éd. Léo Scheer et d'autres livres tentants.Nous sommes ravies d'avoir le présentoir de la collection l'Imaginaire, Gallimard. Pour les trente ans de cette collection, un DVD ou un CD est offert pour l'achat de certains titres.Une aubaine.

Vu deux sacs de bons romans au pied d'un arbre faubourg Saint-Martin.J'en ai pris trois pour moi. Une heure après, il n'en restait plus un seul.

Vu chez le brocanteur un livre qui calait le pied d'une table.

Chez notre marchand de fruits et légumes d'origine asiatique, j'ai corrigé sur un petit papier les fautes d'ortographe de ses panonceaux.
Les fautes demeurent, il n'a peut-être pas compris.
De quoi je me mêle.Je suis ridicule.
Quand j'étais ado, j'imaginais gagner mon argent de poche en corrigeant les fautes que je remarquais dans les magasins.
Pas vu que j'avais grandi.
Et je fais encore des fautes.

Eu la visite d'une petite fille qui se passionne pour le Bescherelle conjugaison.Son verbe fétiche, le verbe créer qu'elle récite comme une poésie.Sa maman en était troublée.

03 mai 2007

Notre coursier est en vacances

Une vraie cata.

Nous avons réussi à déprogrammer la mise à disposition des commandes pour notre coursier, à demander l'envoi direct des colis à la librairie.
Mais pour les petites commandes chez les éditeurs dispersés dans tout Paris et la banlieue, nous ne savons pas trop comment faire.

Si les frais de port pour les livres étaient gratuits, nous n'aurions pas ce problème.Notre coursier n'aurait plus de boulot , certes.

J'ai l'impression que cette profession va disparaître malgré tout.

Donc le matin , je prends mon vélo et pars chez quelques éditeurs.

Hier, je suis allée pour la deuxième fois chez Hermann, rue de la Sorbonne.Heureusement que le soleil brillait...parce que je suis ressortie pensive de chez cet éditeur.J'ai discuté un peu avec le directeur général, gentil rien à dire.Il m'a expliqué ne pas pouvoir m'octroyer plus de 25% de remise, que le meilleur client, c'était Amazone, qu'il était prêt cependant à me faire une remise de 40% si je travaillais son catalogue.Le catalogue est surtout universitaire et ne correspond pas à notre spécialité.Il m'a dit que je vendais ses livres grâce à sa publicité, son effort à lui de communication.
Il a ajouté une phrase sur le manque d'unité des libraires qui devraient plus défendre des éditeurs comme lui.Serpent qui se mord la queue...si la remise était meilleure...Qui doit commencer par faire des efforts? Je lui ai parlé de Dominique Gaultier du Dilettante qui nous avait accordé à l'ouverture de notre librairie une énorme remise, pariant sur le réseau des librairies indépendantes et qui venait lui-même nous voir malgré la petitesse de notre librairie.
S'il m'avait accordé une plus forte remise, aurai-je fait un effort, me suis-je posé la question en repartant?Peut-être, peut-être pas.En fait, je pense que j'aurais aimé par dessus tout qu'il prenne la peine de me montrer lui-même son catalogue,ses livres, ses trésors en m'expliquant que peut-être ce livre de Kathi Diamant, Dernier amour de Kafka. La vie de Dora Diamant.ou celui de Marcelin Pleynet, la Fortune, la Chance...je pourrais les vendre.
Mais, est-ce que ça valait la peine?

En sortant, je n'ai pas croisé Jacques Roubaud déambulant le nez au vent, avec son sac Big Shopper comme la fois d'avant.
La fois d'avant, j'avais hésité entre le klaxonner (pas distingué), le héler (mal poli), lui parler(effronté)...Je n'avais pas osé le déranger.Peut-être comptait-il ses pas? Il descendait le boulevard Saint-Michel si absorbé.J'étais derrière lui en vélo au cas où la chance...
Soudain, il avait fait demi tour et avait changé de destination.
Le destin n'avait pas voulu que je le rencontre .

Le livre de Marie Babey et de Jacques Roubaud, Canal Saint-Martin, éditions Créaphis, vient de paraître.