La journée de samedi pourrait se résumer par cette phrase: "Avez-vous le livre sur S. Royal? J'en ai entendu parler à la radio mais je ne sais plus le titre." "Ah vous parlez de Femme fatale, désolé, il est en rupture de stock."
Les personnes rentraient pleines d'espoir dans la librairie puis ressortaient après avoir entendu la réponse sans jeter un coup d'oeil sur les livres. Elles repartaient à la recherche du fameux livre. Pour le téléphone, idem. La même question et en retour la même réponse. Nous savions, en raccrochant, que nous les verrions pas.
Avec cette journée, je me suis rendue compte à quel point les médias jouaient un rôle majeur dans la vente d'un livre. Un passage à la télévision ou à la radio, une critique dans un journal et le livre a plus de chance de marcher.
Alors quand tout le monde s'y met, le phénomène prend de l'ampleur. Bien sûr, il est de courte durée car la semaine suivante, c'est le tour d'un autre livre.
Un client, au moment de payer, me dit en souriant: "j'ai lu un bon article dans le Monde, j'ai aussitôt eu envie de l'acheter".
C'est une bonne chose pour les livres. Mais que deviennent les livres qui n'ont pas la chance de profiter de cette visibilité? Visibilité qui joue beaucoup sur l'acte d'achat, même si le livre présenté n'est pas bon.
C'est là qu'intervient le libraire et qu'il sera toujours indispensable. Il conseille, défend les livres qu'il a aimés, les petites maisons d'édition. Un livre qui lui tient à coeur peut être présent plus de deux mois dans son stock: 2 mois étant la durée de vie moyenne d'un livre en librairie. C'est court! Je suis sûre qu'une conserve de petits pois est plus longtemps en magasin.
Avant l'arrivée des gros poids lourds la semaine dernière, le livre, numéro 1 des ventes, était L'élégance du hérisson de M. Barbery. Un livre que les libraires ont aimé, soutenu. Puis le bouche à oreille a continué le travail. Grâce à ce travail, sa date de péremption a été dépassée. Il est sorti à la rentrée.
De plus, à chaque fois qu'une personne me demande "je ne sais plus quoi lire, pouvez-vous me conseiller", je me sens utile et je me dis que le métier que j'ai choisi est important pour la vie des livres.
Entre deux "à la recherche du livre dont tout le monde parle", nous discutons de tout et de rien avec les clients: de l'incendie près de la gare de l'Est, des cartons qui n'arrivent pas: le livreur doit être bloqué, un périmètre a été installé au niveau de la gare. Mardi, des cartons à ouvrir il y aura...
A la pause déjeuner, je me suis surprise encore une fois à faire un geste que je fais à chaque fois. Je lisais un magazine où un article était accompagné d'une photo: un homme tout souriant qui pose devant une étagère de livres. Je penche la tête sur le côté pour tenter de lire les titres des volumes. J'aime faire ça, j'ai l'impression de connaître mieux la personne ou du moins de connaître ses goûts littéraires. Je me demande tout le temps si le choix de l'endroit est fait exprès et si les livres ont été sélectionnés exprès pour la photo: sûrement. J'image la personne enlever les livres qu'elle ne veut pas montrer. La prof d'histoire cacher L'histoire pour les nuls ou l'homme d'affaires qui glisse dans le fond de l'étagère ses livres de Barbara Cartland.
Dix minutes avant la fermeture, un fidèle client vient nous dire un petit bonjour...plutôt un petit bonsoir. Nous discutons quelques instants, plaisantant. L'ambiance est joyeuse, nous sentons le week-end approcher et la perspective de pouvoir profiter du temps libre. Le soir même, j'assistais, avec des amies, à un concert organisé dans le cadre d'un festival à Aubervilliers. Merci à La Truffe pour continuer à promouvoir la culture.
Corinne revient lundi et reprend le relais sur le blog. Je tiens à vous remercier d'avoir continué à suivre les extraordinaires aventures de La Litote en tête. Un grand merci à Corinne pour m'avoir donné la chance d'écrire. Ce fut un grand plaisir.
Mon festival de Cannes:
- dans la section long métrage: Fight Club de C. Palahniuk.
- dans la section documentaire: Tim Burton de A. De Baecque.
- dans la section film d'animation: Le Château de Hurle de D.W. Jones.
- palme d'or: L'histoire sans fin de M. Ende. Car le film a bercé mon enfance et que le livre m'a trouvé il y a peu de temps. Un plaidoyer pour le droit à la fantaisie, à l'imagination et au rêve.
La librairie selon Stéphanie.
13 mai 2007
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2 commentaires:
Bonjour,
je viens de passer un (très) agréable moment sur votre blog, je n'y venais pourtant pas vraiment par plaisir, je m'explique: j'ai passé toute la matinée à recenser les librairies de Paris dans lesquelles je pourrais postuler au poste de libraire et je me renseignais donc sur Internet en passant de sites en blogs.
C'est vraiment un bonheur de tomber par hasard, ou presque, sur des mots qui vous touchent et qui reflètent ce que l'on pense, ce que l'on ressent. La raison pour laquelle je veux devenir libraire (et non pas vendeur de livres) est exposée à longueur de pages sur votre blog.
J'aime en effet les livres (sérieux ou pas, pour les grands ou pour les plus petits), j'aime lire et j'aime faire vivre les livres (en parler avec des amis, faire connaissance avec quelqu'un en parlant de ses lectures, prêter, échanger, acheter, relire un livre parce qu'on sait qu'il fera écho à notre vie du moment,une page par-ci une page par-là juste pour le plaisir). Après des études de lettres et de traduction, quelques atermoiements et bien des remises en questions, je le sais, je veux devenir libraire. Mais un libraire à votre sauce, un libraire qui lit et qui conseille. Alors merci pour ce blog qui m'a confirmé dans mon choix passionné et qui m'a rassuré parce que oui, ça existe encore les vrais libraires et les librairies qui vont avec!
Alors à bientôt, je crois que ne vais pas résister longtemps à l'envie de découvrire votre litote.
Tiphaine Le Dévéhat
Bonsoir Stéphanie, Bonsoir libraires de Litote en tête,
Cette librairie a l'air chouette... un "vraie" librairie comme nous avons la chance qu'il en existe encore... une librairie indépendante, quia probablement offert des roses à ses clients le 28 avril, pour la fête de la librairie indépendante...
Ravi que ce stage se passe si bien pour la stagiaire aux yeux verts du 17 rue Alexandre Parodi.
Un actuel futur éditeur qui soutient la librairie indépendante et les libraires qui l'animent.
Mat
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