Un client nous a dit qu'un de ses amis écrivain ,avec une très petite notoriété ,avait fait un boulot incroyable à la sortie de son dernier roman.
Il écume les librairies et discute avec chaque libraire sans révéler son identité.
Lorsqu'il a repéré son livre, il le montre en disant qu'il n'a jamais rien lu d'aussi beau et bien écrit. Parfois, il n'ose pas , il place alors son livre bien en évidence sur une table.Dans les grandes surfaces, il effectue parfois un vrai déménagement. Ainsi, à la FNAC un jour, a-t-il mis quelques exemplaires en tête de gondole ou en coup de coeur.
C'est rigolo et émouvant aussi.
Entendu sur le trottoir un jeune homme dire à sa compagne qui s'attardait devant la vitrine:
-"Avance chérie, mon pote nous attend."
03 juillet 2007
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3 commentaires:
Je me souviens de mon tout premier livre, dans une courte vie d'éditeur. C'était un livre de droit pratique mais je le cajolais comme un chef d'oeuvre de littérature - comme si je l'avais écrit, je pense.
Elle est terrible, cette impression de noyade qui nous prend lorsque soudain celui qu'on a choyé pendant des mois se retrouve perdu dans l'immensité d'une FNAC - car soudain vent cette question terrible : mais qu'est-ce qui pourrait bien faire que quelqu'un un jour vienne à acheter ce livre ?
J'ai refait l'expérience dans une librairie de quartier (je veux dire: une des rares qui l'avaient commandé), la sensation a été la même.
Alors oui, je le prenais, je le mettais tout droit sur une table comme une tête de gondole, ou je le laissais délicatement dépasser du rayon. Futile, inutile et peu pathétique - mais j'aime bien quand vous dites "rigolo et émouvant" ;-))
(PS - dans un autre registre, on m'a dit que D. Lapierre venait dans les librairies pour dédicacer en douce ses livres. Vrai ?)
Bonne continuation!
Je suis tombée sur cet article par hasard :
Polar. On achève bien d'imprimer
Tête de litote
Par Edouard LAUNET
QUOTIDIEN : jeudi 30 novembre 2006
De nos jours, sitôt le dernier client sorti et le rideau baissé, le (la) libraire s'en va nourrir son blog en mangeant des chips. A la date du jeudi 24 novembre, il (elle) écrit : «Rien de spécial à vous écrire aujourd'hui. Il bruinait, crachinait, pleuvassait, pleuvinait, pleuvotait aujourd'hui. Je suis allée chez le coiffeur.» Suivent plusieurs dizaines de lignes qui viennent contredire la première.
C'est un extrait du blog de Corinne Scanvic, jeune femme qui, avec Maryline Guidicelli, anime une jolie petite librairie posée pas loin du canal Saint-Martin, à Paris. L'établissement ripoliné de rouge s'appelle Litote en Tête. Nous n'y sommes jamais entrés, du moins pas encore, mais nous savons tout ce qui s'y passe. 17 octobre : «Une cliente a découpé les Bienveillantes de Jonathan Littell en quatre. Elle trouvait le livre trop lourd à transporter, à lire au lit. Elle a pris un grand couteau de boucher pour le découper...» Sachant que les 1 100 grammes du prix Goncourt se vendent 25 euros, le Littell au détail pourrait s'écouler à 22,73 euros le kilo. Ce qui le mettrait au prix du rumsteck.
Une des tâches importantes du libraire est de s'assurer chaque soir que les clients n'ont rien oublié de dangereux dans le magasin. Liste des objets perdus chez Litote en Tête, par ordre chronologique : «1) un lapin en peluche (mis en vitrine, l'enfant l'a vu un jour et l'a récupéré), 2) un parapluie, 3) des clefs de voiture, 4) une bouteille de vodka (vide), 5) une baguette (mangée le soir même), 6) le journal le Monde (lu), 7) un petit sac avec des affaires de gym (pas à notre taille)...» Et ainsi de suite jusqu'au 29 octobre dernier : «19) Un plateau à huîtres en polystyrène (vide).» A-t-on déjà perdu un livre en traînant chez un libraire ?
Pour une petite librairie de quartier, elle reçoit du beau monde : Paul Auster, Alice Ferney, Anna Gavalda (ce jeudi à 18 h 00 : Hubert Nyssen). Et, bien sûr, plein de représentants, des cartons de nouveautés, des techniciens en informatique.
Car la librairie est un métier complexe. 12 septembre : «Sur le trottoir, devant notre vitrine, une phrase écrite au pochoir me donne le sourire chaque matin : "Je t'aime, pinouille." J'ai appelé deux fois la maintenance pour débloquer l'ordinateur de caisse et le fax a fait un bourrage papier.»
C'est aussi un métier de lien social. 20 octobre, 15 h 45 : «Un jeune homme invite une cliente à le revoir. Nous n'avons pas le livre qu'elle cherche, le jeune homme l'a chez lui...» Comme par hasard ! Commentaire laissé par un lecteur du blog : «Nous tournons les pages à l'improviste/ Devant l'étalage d'un bouquiniste/ Je ne vous connais pas, je vous frôle/ Là sur le Quai, épaule contre épaule» (des paroles d'une chanson de Vincent Delerm).
C'est enfin un métier qui réclame une attention constante. 19 juillet : «14 h. Pressée d'aller déjeuner, j'ai enfermé un client dans la librairie. Je ne l'avais pas entendu entrer.»
http://www.liberation.fr/culture/livre/220282.FR.php
© Libération
Secondflore, j'adore ce que vous venez d'écrire.
J'ignorais pour D. Lapierre mais comme c'est amusant!
Je comprends si bien l'éditeur que vous étiez et l'écrivain que vous êtes.C'est terrible de voir son livre coincé sur une étagère dont il ne sortira peut-être jamais, pire de ne pas le voir dans une librairie...Parfois un auteur entre , se présente et nous ne connaissons même pas son nom.(Nous avons toujours un léger sentiment de honte même si on ne peut pas tout connaître.)
Mais l'espoir est là pour lui que tout change un jour.
Anonyme, merci pour ce petit rappel. Edouard Launet avait fait un bel article dans Libération sur le blog et était même venu à l'inauguration.C'était une belle surprise pour nous!
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