20 janvier 2007

La nuit fut courte, mais pleine d'émotions ! Une nuit à Rungis, avec mon poissonnier ! Ne souriez pas, c'est un rêve que je nourrissais depuis longtemps : enfiler la blouse blanche, déambuler dans la gigantesque halle aux poissons et discuter avec les mareyeurs de la provenance de la pêche ou des espèces que l'on peut trouver en cette saison. Cela nous a pris trois heures, de palabres, de négociations, d'hésitations et au bout du compte, nous sommes repartis avec la marchandise nécessaire pour le marché du week-end. Au bas mot, près de 400 kg de poissons, crustacés et coquillages. Apparemment la tempête n'avait pas empêché les bateaux de sortir, et l'assortiment fut très varié. Sachez que dans aucun pays au monde vous ne trouverez des poissonneries capables de présenter autant d’espèces de poissons que les nôtres. Tout cela est bien intéressant, diront certains, mais d'autres penseront tout haut, à la lecture de ces premières lignes : « est-ce que le cousin ne serait pas en train de divaguer, oubliant qu’il anime un blog sur une librairie de quartier et non pas une chronique des cours de la marée ? ».
Que voulez-vous, Corinne m'a dit "raconte ce qui te passe par la tête ». Ajoutez à cela que je viens d’achever la merveilleuse sélection de textes racontant la mer, que Simon Leys a réunie et éditée chez Plon il y a 3 ou 4 ans (La mer dans la littérature française) et vous comprendrez pourquoi je ne me sens pas hors sujet. Mieux, j’aimerais être critique littéraire et savoir donner envie, à ceux qui ne les connaissent pas, de découvrir le capitaine Hornblower si bien imaginé par Forester, Dana et ses deux années passées sur le gaillard d’avant, Dash et son invraisemblable épopée du Batavia, les 10 ans de ponton du génial Garneray ou les trois années de tour du monde à la voile de Joshua Slocum. Moi qui ai horreur des voyages, je n’ai jamais cessé de rêver d’horizons lointains avec Gerbault, de changer de vie avec Moitessier, de chercher la longitude à côté d’Harrison, de peiner avec Hugo et ses travailleurs de la mer, de pêcher et d’aimer avec Loti, de traquer la baleine avec Melville et de découvrir le monde avec tous les Magellan, Cook, Bougainville ou La Peyrouse, qui nous ont si bien raconté la mer en nous faisant découvrir la Terre.
Mais, je reviens à notre Litote et je me demande soudain s’il y a un rayon « littérature maritime ». Je ne pense pas et voilà une suggestion que je vais faire à Corinne et Marilyn. Une arrière petite fille de patron de pêche, originaire de l’île de Groix, puis commandant d'un dundee à Noirmoutier, doit avoir du sang fortement iodé qui circule dans les veines ! Et puis, si le thonier de notre arrière grand-père s’appelait Le Grand Large, son frère de chantier, le Fleur de Lampaul fut un temps transformé en bibliothèque flottante : la boucle est bouclée !
à demain et merci pour vos premiers commentaires. Je tiens la barre et le cap, mais gare aux coups de chien !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour cousin, c'est le cousin d'Amérique qui vous écrit. Un océan nous sépare et voilà que vous allez à Rungis avec votre poissonnier comme vous allez à la librairie avec votre libraire qui vient d'acheter 400 kg de mots et d'histoires pour la nouvelle rentrée littéraire. Je crois que je ne suis pas le seul qui demande des photos des poissons et des livres de cette double marée.
Alain

litote en tête a dit…

Promis, ce sera pour la prochaine livraison
amitiés trans-océaniques.
éric