30 avril 2010

C'est en lisant qu'on devient liseron

Dans le cadre de sa résidence d’écrivain soutenue par la Région île-de-France, à la librairie, Pierre Ménard a décidé de mettre en place avec le soutien de Mélico, mémoire de la librairie contemporaine un travail sonore sur la lecture, une série d’entretiens avec des auteurs, des librairies, des bibliothécaires, des éditeurs, des journalistes, des professeurs, des enfants, des poètes, des blogueurs et plus globalement des lecteurs, suivie par la lecture d’une page 48 de leur livre de chevet.

Les livres que l’on achète en librairie, ceux que l’on emprunte à nos amis ou dans une bibliothèque, ce que l’on lit, quel genre de livres et où, dans quel endroit, dans quelle position, ce que lire représente pour soi et pour les autres, le souvenir de son premier livre, son livre de toujours, celui qui ne nous ne quitte pas et comment on imagine lire dans le futur.



Le premier épisode nous était consacré à Maryline et à moi.

Pierre nous a par exemple demandé de lui raconter brièvement l'histoire d'un livre qui vous avait marqué. Voilà ce que je lui ai répondu :

Une journée d'Ivan Desnissovitch, de Soljenitsyne. Ça c'est une histoire qui m'a marquée, que je mets souvent en parallèle avec la vie. C'est l'histoire d'un homme qui est au Goulag, en Sibérie, dans des conditions d'hébergement terribles, et qui meurt de faim et de froid, et donc il lutte quand même pour sa survie, et pour avoir un petit bout de tissu, un petit peu de chaleur et un morceau de pain. Ça ramène à des moments essentiels de la vie, des choses essentielles comme se protéger du froid, manger, vivre, lutter contre les éléments, et la détresse. C'est une vie terrible. Une perte de temps. Il est au Goulag pour trente ans et nous quand on se plaint de petits bobos, de petits malheurs, je pense souvent à ce livre, cette histoire.



Et voilà ce que Maryline lui a répondu :

Il y en a tellement... Par exemple, j'aime beaucoup le livre de Siri Hustvedt qui est un auteur dont je n'avais pas repéré ses premiers livres et j'ai lu un livre d'elle que j'ai trouvé à l'époque brillant, je ne sais pas pourquoi brillant, pourquoi ce terme-là me vient à l'idée, mais je l'ai trouvé brillant. Il raconte l'histoire de deux familles intellectuelles new-yorkaises, familles et amis. C'était une période très particulière pour moi, très difficile, dont je n'ai pas envie de parler là. C'était très important pour moi de pouvoir m'échapper justement de ce qui était difficile. Ce livre a pris une dimension très importante, je suis rentrée complètement là-dedans. Il me reste beaucoup de choses. Et sur l'histoire de ces deux familles, elle arrive à traiter de tout ce qui, je trouve, est intéressant dans la littérature pour les gens, c'est-à-dire évidemment le couple, l'écriture, la peinture, Svir Husveldt elle fait pas mal d'essais sur la peinture, elle a aussi écrit sur le travail de l'écriture, pour moi il y a tout dedans. Ce que je ne trouve pas beaucoup dans la littérature, ce qu'on trouve peut-être chez les auteurs Russes. Et la folie, et les enfants, l'amour, il y a tout, pour moi il y avait tout, pourtant c'est une écriture assez glaciale, elle est assez froide. C'est un livre qui me revient souvent, que j'aime bien conseiller, c'est une femme qu'on ne connaît pas beaucoup, un peu plus maintenant, parce que c'est la femme de Paul Auster. Je trouve que c'est un livre important, que j'aime bien et à part une personne ou deux qui ont trouvé que c'était difficile, généralement j'ai plutôt des bons retours.

La pièce sonore du premier numéro et l'intégralité de notre entretien ont été diffusés le mois dernier sur le site de Mélico, mémoire de la librairie contemporaine.

Ce mois-ci, un nouvel épisode avec, cette fois-ci, Claude Royet-Journoud qui a lu la page 48 de • Mettre, de Marie-Louise Chapelle, publié en 2006 chez Théâtre Typographique.



À découvrir sur le site de Mélico, mémoire de la librairie contemporaine.

4 commentaires:

mélie a dit…

Quand je suis passée à Litote en tête pour la première (et unique jusqu'à maintenant) fois en avril 2009 en quête de quelque chose à me mettre sous la dent et pour découvrir qui se cachait derrière ce joli blog, Maryline m'a conseillé le livre de Siri Hustvedt.

Pour moi aussi, il a été très important, il s'est lié à beaucoup d'autres choses, et "brillant", je crois que c'est le mot. Et puis depuis, je me suis aussi mise à lire Paul Auster, alors c'était d'une pierre deux coups...

Je rentre en France dans quelques jours, j'espère avoir le temps de passer par chez vous pour d'autres découvertes à ramener ici.

:)

elou a dit…

Quelle belle initiative et merci de nous faire partager cet échange... on aimerait vous lire encore plus souvent sur votre blog, comme au temps béni où vous proposiez deux-trois billets par semaine... même si je comprends que ce soit du temps pris sur autre chose...

Anonyme a dit…

j'aimerai bien vous lire la page 48 d'un texte qui m'a bouleversée (je sais, ça fait bateau, mais ça m'a "bouleversée"). Je suis souvent à la litote, on en aura l'occasion, silvia
p.s. c'est en lisant le blog que j'ai pensé à ce livre et que je l'ai ouvert à page 48

Pierre Ménard a dit…

Enregistrer une page 48 ? Avec grand plaisir. Quel titre ? La prochaine fois que je passe à la librairie, je prends mon enregistreur pour le faire avec vous sur place. À très bientôt...