04 septembre 2008

Journée infernale

Nous avons rêvé que la tranchée devant la librairie serait une dérivation du canal. Les clients accosteraient en douceur, nous serions leur port d'attache.
Puis, nous avons pensé qu'une station Vélib serait installée devant la librairie. Les clients feraient escale chez nous, débarqueraient sur notre quai.

Mais depuis hier, nous avons compris qu'il n'en serait rien, les ouvriers ont versé du ciment frais dans la canalisation. Armés de marteaux-piqueurs, ils font un boucan et de la fumée de tous les diables. Même la porte fermée, on ne s'entend plus . C'est l'enfer dans notre petit coin de Parodi.

Je suis nulle. J'ai commandé en trop grande quantité le dernier roman d'Alice Ferney, Le Paradis conjugal, éd. Albin Michel peut-être parce que le titre m'intrigue.
Alice Ferney était venue dans notre librairie dédicacer son précédent roman, Les autres, éd. Actes Sud.

Pourquoi donc ai-je oublié de recommander Jour de souffrance, de Catherine Millet, éd. Flammarion?
Le stock sera juste pour samedi. Rosa, librairie Les orgues, a proposé de nous dépanner.

Submergées par les offices, nous sommes obligées de retourner des livres que nous aimerions parfois garder. Mais pas de quartier, si nous ne voulons pas tirer le diable par la queue.
Nous sommes le 5 septembre, nous manquons déjà de place.

Nos réflexions autour de chaque livre avant de le retourner provoquent chez nous des rires diaboliques:"... Auteur passé de mode, énième conte de la sagesse ,truc vu d'en haut, roman sans intérêt, trop sinistre, jaquette moche, trop cher, un livre de cet auteur ça suffit, bio people on s'en fout, il est pas mort Machin? ...

Avec les pôv auteurs, nous ne sommes pas tendres.
Avec les éditeurs, nous sommes critiques. Nous finirons sorcières brûlées sur la place publique. Certains publient n'importe quoi et nous sommes envahies de titres sans intérêt qui nous bouffent notre espace et notre trésorerie, empêchent la visibilité des bons titres.

Un jeune homme vient de nous demander Prosper Mérimée de Carmen.
Un autre Zadig et Voltaire.

Nous commandons les cahiers d'activité ou "workbook" pour les collégiens. Les mamans nous bénissent. On mérite. Sachez que sur les livres scolaires, l'éditeur nous consent une remise de 20% , commande sur laquelle nous avons des frais de port. Chaque commande individuelle fait l'objet d'un carton livré par un gros camion.

Discussion avec un client qui nous commande un livre chez un éditeur en province. Nous le prévenons que nous lui imputerons les frais de port, le livre commandé coutant 15 euros. Il préfère retourner à la FNAC, le prix de vente est franco de port.

Nous postons notre courrier avec des timbres où est écrit le mot"vacances".
















6 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai que les retours constituent une des tâches les plus ingrates du métier de libraire... Le pire étant de devoir retourner un livre qu'on aime...

Anonyme a dit…

Il est comment le livre de Ferney ?

Anonyme a dit…

Chez nous ce sont les factures qui partent avec des timbres " vacances "...

Maryline Noël a dit…

Bonne rentrée les filles. Ici ça sent tellement la fin d'année, les enfants entament le troisième trimestre d'école ! Septembre est le "mois de la Patrie" avec fêtes nationales et long pont de mercredi prochain à lundi !
Bises du Chili, Maryline

Anonyme a dit…

Bonsoir à tous, quelques mots pour vous dire que sur les conseils d'une lectrice du blog j'ai lu une véritable pépite:un brillant avenir de catherine cusset.C'est un livre attachant et intelligent sur la famille. Elena le personnage principal y est envisagée comme fille, amante, mère et belle mère.Ce que nous sommes toutes, ou que nous serons sans doute un jour...Les relations qu'il s'agisse d'amour ou de haine sont fortes, compliquées mais toujours intéressantes. L'action se passe à la fois en Roumanie, aux états-unis et en France. La construction est faite d'aller et retour entre le présent et le passé, il y a une véritable tension narrative, Catherine Cusset a transformé en Destin le brillant avenir d'Elena. Alors n'hésitez pas et lisez le! Il y a des pages particulièrement bien observées sur la vieillesse, les outrages ddu temps sur le physique et le moral. Ce livre n'est pourtant jamais désespérant. Sandrine

litote en tête a dit…

Oui, Anonyme, c'est affreux de retourner un livre qu'on aime. D'ailleurs on évite dans la mesure du possible.

Le livre d'alice Ferney est à lire, nous la soutenons depuis toujours. Nous gardons un bon souvenir de son passage dans notre librairie.

Maryline du Chili, nous t'embrassons bien fort, Maryline et moi . Nous pensons souvent à toi.

Sandrine, je sens que tu as raison, le livre de Cusset est d'ailleurs en réimp. Dès que j'ai un moment, je le lis. J'avais beaucoup aimé le Problème avec Jane.