21 mai 2008

Un pigeon dans la librairie


Un pigeon s'est égaré dans la librairie ce matin.
J'y ai vu comme un symbole: la journée avait commencé douloureusement.
Y avait-il un pigeon dans mon histoire?

Un charmant jeune homme est venu me dire qu'il avait trouvé son Peter Handke ce week-end et qu'il ne prendrait donc pas celui qu'il avait commandé.
(Ce n'était pas l'Essai sur la journée réussie, coll. Arcades, Gallimard...)
Je ne me souviens plus du titre du livre.
Comme il me demandait si ça ne me gênait pas, j'ai répondu que non, qu'il avait déjà la gentillesse de me prévenir, que je comprenais qu'il en avait eu besoin rapidement. Il m'a dit que c'était un très bon titre et que je le vendrai sans problème, ce qui était certainement vrai. Le livre valait 6 euros, je n'allais pas mettre en péril la librairie. Je pouvais d'ailleurs le retourner à l'éditeur.
Mais j'en avais gros sur le coeur, de la part de ce client-là, ça me faisait de la peine, ça devait se voir. Lecteur du blog, il m'a dit qu'il savait qu'il serait sur la liste noire des clients qui ne viennent pas chercher les ouvrages qu'ils ont commandés. Je lui ai avoué que parfois, pour des moments comme ça, j'avais envie de changer de métier.
Alors, pris de remords de m'avoir peiné, il l'a acheté pour l'offrir à son frère.
A mon tour, gênée par mon attitude, je n'ai pas voulu lui vendre. Et c'est moi qui lui ai fait de la peine. Bref, il l'a quand même acheté et cet achat ne s'est pas déroulé avec beaucoup de plaisir , je m'en veux.
Voilà, cher client lecteur du blog et fidèle à la librairie, j'ai été sotte mais vous étiez le premier client de la journée de la semaine, j'avais l'impression que tout allait mal ce matin. Pardonnez-moi.

Parfois, tout commence mal.
Les ordinateurs ce matin beuguaient en choeur, ce qui me faisait beugler moi toute seule.

Paul, un fidèle client, ainsi que madame M. avaient commandé des livres depuis 3 ou 4 semaines...et ils n'étaient toujours pas là, leur réclamation était légitime. Le distributeur m'avait expliqué que son transporteur s'était trompé et avait envoyé une palette de livres en province par Prisme au lieu de les livrer au comptoir de vente à Paris. Le distributeur me demandait d'expliquer tout ça à mes clients et de les faire patienter.

A une cliente qui m'a demandé si je pensais avoir le livre commandé ce matin pour la fin de la semaine, j'ai répondu oui à 80%. Maintenant, je vais donner des pourcentages de chance en fonction des distributeurs. Je lui ai demandé de ne pas nous en vouloir si on ne l'avait pas. On fait ce qu'on peut, la chaine du livre est fragile.

J'ai encore reçu une facture de n9uf de 0.11 centimes. ???

Un jeune homme est venu nous demander des conseils pour être libraire.
Pas une semaine sans qu'on reçoive une candidature spontanée, un CV, une demande de stage.
Oui, libraire est un beau métier mais pfft...
Ce soir, je devrais lire l'Essai sur la fatigue, de Peter Handke, en folio.
Mais, je ne l'ai pas chez moi.

J'ai fini Contact de Cécile Portier, coll. Déplacement, éd. Seuil que je vous recommande.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous êtes adorable... Je suis convaincue que ce jeune homme ne vous en veut pas plus que vous ne lui en voulez, finalement...!
Juste un mot pour vous dire que je viens de lire "Histoire d'une vie" de A. Appelfeld, qui me trottait dans la tête depuis un moment sans que je sache pourquoi - et je m'aperçois qu'il est dans le "bandeau" du blog! Comme une image subliminale (mais bien visible) il a dû entrer dans ma tête et me faire des signes pour que je le lise..!!! (je n'ai pas regretté..ohlala...non non non...)(comme une idiote je l'avais emprunté à la bibliothèque, ouin ouin, je vais devoir le RENDRE - quelle horreur...)
je vous embrasse!
G

litote en tête a dit…

ô merci Géraldine!
Le jeune homme est venu le lendemain matin me faire un petit coucou et m'a assuré ne pas m'en m'en vouloir.
Hi...Hi...Il va falloir que je demande à Pierre Ménard le poète qui nous a installé le blog de changer le bandeau de temps en temps...
Plein de bises,
Co

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup la façon dont vous racontez cette histoire simple. Les sentiments confus, les comportements erratiques, les gênes réciproques, tout y est. C'est un début de roman. Ce qui me gêne, c'est qu'il revienne si vite, ce jeune homme. Dans le roman, sait-il que vous acvez un blog ? Il aurait dû attendre quelques jours, et venir vous parler de Peter Handke. Idéalement, être Peter Handke, mais je ne veux pas vous compliquer l'existence. Les vocations de libraire sont suffisamment rares.