07 novembre 2007

Toc toc

J'ai un TOC, c'est sûr.
Depuis le cambriolage de la librairie au siècle dernier, j'ai un problème pour fermer les portes à clef. Je ne suis jamais sûre de bien avoir tourné la clef. Il faut que je vérifie au moins deux ou trois fois. Je reviens sur mes pas. J'essaie de me raisonner, de mettre au point une procédure de comptage pour rassurer ma mémoire ou de prendre Maryline à témoin. Lorsqu'on me confie une clef d'appartement pour aller arroser les plantes, c'est un vrai casse -tête pour ma pauvre tête de litote.
A l'heure où je vous écris, je me demande si j'ai bien fermé la porte de la librairie ce soir...


Maryline est plus dangereuse. Elle égare le cutter pour ouvrir les cartons quelque part dans la librairie. Il suffit d'un coup de téléphone, un client qui lui pose une question pour qu'elle pose son cutter et ne se souvienne plus où.
Zut au secours, j'ai perdu le cutter! m'a t-elle encore dit aujourd'hui. Nous avons commencé par le chercher au rayon littérature jeunesse. Nous ne l'avons pas trouvé. Il était bien caché. C'est finalement un client qui l'a retrouvé au rayon policier. Ca fait un peu désordre.

Nous avons une cliente qui vient environ tous les trois mois nous commander un livre. Pour ce genre d'opération, nous demandons au client son nom et son numéro de téléphone. Tout-à-l'heure, misère, je lui ai encore demandé si elle avait déjà commandé chez nous.Je ne la reconnais jamais. Je sens un agacement légitime de sa part, comme si sa personnalité était insignifiante à mes yeux . Pourquoi elle à chaque fois? Comment réussir à graver son nom en face de ses traits dans ma cervelle à trous?

La journée était fatiguante. Certaines le sont plus que d'autres ,tout allait de travers aujourd'hui. Les clients pressés qui venaient chercher leurs commandes sont repartis déçus. Soit le carton s'était égaré, nécessitant une nouvelle commande et un nouveau délai, soit le livre n'était pas paru , épuisé ou pas servi par le distributeur sans explication. Pour ma défense, c'est le bazar dans la distribution des livres actuellement. Nous avons deux cartons destinés à deux librairies parisiennes chez nous. Mais j'ai fait aussi une boulette dans la commande d'un très bon et très gentil client, servi un livre destiné à un client à un autre.Pfft! Y'a des jours où rien ne va.

Ce soir, consolation: j'ai lu Une vie ordinaire de Georges Perros, Poésie/Gallimard. Je me promets de lire un jour Papiers collés, en trois volumes chez L'Imaginaire, éd. Gallimard.
A noter : le beau travail de l'éditeur Finitude. Nous avons en rayon J'habite près de mon silence, Dessiner ce qu'on a envie d'écrire, Pour ainsi dire ,parus en 2006 et proposés par le distributeur Les Belles- Lettres cette année.

5 commentaires:

Stéphanie a dit…

J'adore ce titre "J'habite près de mon silence" :)
Vais aller voir quelle est l'histoire!

Anonyme a dit…

la description de ta journée me fait sourire ! j'ai la nette impression de m'y reconnaître, pratiquement tout ce que tu décris, m'arrive assez souvent( l'oubli d'un nom que je voudrais pourtant tant retenir; la perte d'un objet; le non délai de livraison d'un livre, mais j'affirme ce n'est pas ma faute etc...etc...)et comme tu le dis si bien, il y a des jours ou rien ne va.....

Anonyme a dit…

Parce que vérifier la porte deux ou trois fois est un TOC? Mince, moi qui croyais qu'on le faisait tous, voilà que je me découvre un nouveau vice alors...
Un petit grain de folie, ça nous protège de la vraie folie?? Ou pas...
a.

Anonyme a dit…

Ca me fait sourire de voir vos petits soucis sur une journée de travail en librairie, je rencontre les mêmes mais en bibliothèque. Des études ont été faites sur notre travail qui est très très diversifié (accueil du public, renseignements et conseils,commande et réception de livres, accueil des classes, animation... et sans oublier le téléphone!!) en fait on peut passer en 5 mn d'une tâche à une autre d'une demande de lecteur à une autre sur un sujet complètement différent... Donc cette étude dit que cette façon de travailler engendre "un problème de dispersion et de concentration" je pense que pour les libraires c'est pareil j'ai déjà travaillé en librairie et c'est un peu le même type de travail. Alors bon courage car la rentrée littéraire est passée mais les fêtes de fin d'année arrivent....

litote en tête a dit…

Stephanie, Perros est un poète doué de grâce...

Boo, ravie de te faire sourire.Oui, y'a des jours où rien ne va mais d'autres où ça va mieux, heureusement...

a. Je pense et j'espère qu'on a tous un petit grain de folie...

Nina, merci de rapporter la conclusion de cette étude. Notre métier très similaire engendre effectivement un problème de dispersion et de concentration. Bref, parfois on devient "chèvre". Merci aussi pour vos mots d'encouragements.