26 octobre 2007

Génération Harry Potter


Nous avons vendu aujourd'hui 48 exemplaires du dernier volume d'Harry Potter!

Privilège d'enfants de libraire, mes filles ont été les premières servies hier avant de se coucher.
Ma fille cadette Hélène, qui a maintenant 16 ans, a découvert à l'âge de 8 ans les aventures de ce petit sorcier.Je me souviens qu'elle lisait en boucle les volumes déjà parus, ça m'agaçait à l'époque. Je lui conseillais de lire d'autres romans en lui offrant des piles d'autres auteurs tout aussi passionnants à mon avis.
Mais "c'était trop bien" me disait-elle.
Cet été, elle a lu le dernier volume en anglais, son premier livre en anglais. Cette fois-ci, j'étais plutôt fière qu'elle arrive à lire un livre en langue étrangère.
A son âge, j'en étais incapable.

Harry Potter, c'est un phénomène éditorial. Les chiffres des ventes sont vertigineux:
pour ce dernier tome, 400 millions exemplaires dans le monde ,23 millions du dernier tome en anglais dont 250 000 en France, 2300000 exemplaires du premier tirage du tome 7 en français.J'espère ne pas avoir oublié quelques zéros.
Pour les libraires, c'est formidable, étrange ce succès et éphémère .
Pour les enfants lecteurs, pas de souci. Ils liront toujours.
Mais pour ceux qui ne lisent pas... Miracle, ils ont lu Harry Potter! Les parents heureux nous demandent de l'aide. Que peuvent-ils lire après?
La réponse est TOUT mais...Comme le goût de la lecture est complexe! Faut-il un buzz mondial pour les faire lire à nouveau ?
Faille de notre époque. Tout ne se trouve plus dans les livres ou dans la presse mais sur Internet ou d'autres écrans. Les enfants ne s'ennuient plus, ils n'ont plus le temps, ils sont débordés de tout.
Je me sens impuissante. Notre rayon jeunesse déborde aussi.
Passé l'âge de 12 ans environ, il est bien difficile de faire ouvrir un livre à cette jeunesse.
Parfois, je suis pessimiste sur l'avenir du livre.
Mais, bah, on peut être heureux sans lire de livre.
Réconfortez-moi.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

bonsoir
Vaste question, le goût de la lecture.. D'où vient-il?
De l'éducation: mais pourquoi au sein d'une fratrie peut-il y a avoir des lecteurs avides et d'autres qui ne lisent pas?
Du coup de chance: avoir rencontré les bonnes personnes qui nous ont fait rencontrer les bons livres, au bon moment. Quelqu'un de la famille, un prof, un bibliothécaire, un libraire...
D'une manière générale, c'est la connaissance et la culture, et en fait l'effort qui sont démodés. Les enfants sont trop sollicités, par trop de choses et par trop de gens, nous attendons d'eux qu'ils fassent tout, tout bien, et tout vite. Trop de jouets dès la petite enfance: comment apprendre alors à passer un certain temps sur une seule et même chose?
J'ai des élèves en section littéraire. Beaucoup ne lisent pas. Seulement les livres imposés, et encore à contrecoeur. J'étais moi-même en section littéraire, il y a 10 ans, et c'était déjà comme ça. Donc même eux qui en principe choisissent une voie de "lecteurs" ne lisent pas, n'aiment pas lire. Parce qu'aujourd'hui avoir de la culture n'est pas valorisé. Parce qu'on considéère que quelqu'un qui fait "L" le fait à défaut d'autre chose. Parce que la culture ne permet pas de "gagner plus". Parce que nos dirigeants, pour la plupart, ne lisent pas, sont totalement incultes (ou du moins cachent bien leur culture!!!), et perdent de vue l'humain.
Moi aussi ça me fait peur.
La question est aussi bien à poser aux parents qu'à l'école. Pourquoi regarder un écran est-il plus attirant?
Je m'interroge tout autant que vous! Des grands lecteurs, il y en aura toujours, mais combien?
Oui, on peut être heureux sans lire de livre. Mais ce n'est pas seulement une promesse de bonheur que de lire un livre. Découvrir le monde, l'autre, des idées. Rire, s'émouvoir, se mettre en colère, rêver. C'est tout cela et bien plus encore que permet le livre. Les conversations passionnées avec les amis papivores, et as-tu déjà lu celui-ci? Naaan???? Horreur, cours vite l'acheter!!!
Et pourtant, dans les séries télévisées, voyez-vous souvent des gens parler littérature? Et si oui, de façon naturelle et loin de toute caricature?
Je m'emporte, je m'emporte, pardonnez cette logorrhée, mais le livre, la musique...ils sont ma vie, alors je déborde quand je parle d'eux...
alexandra qui aurait bien aimé vous réconforter mais partage vos interrogations inquiètes.

Anonyme a dit…

Meme s'il m'arrive, comme à toi, de douter parfois, je pense que tout n'est pas perdu pour le livre. Internet n'est pas forcément l'ennemi de la lecture sur papier (la preuve: les blogs de lecture se multiplient à vue d'oeil) et parfois le gout de la lecture vient tard (je lisais très peu étant enfant et maintenant je dévore les livres). L'humain a besoin d'histoires, c'est dans sa nature. Et beaucoup apprécient, au-delà des modes, l'intimité de la relation au livre.

Quant à Harry Potter (série géniale, je tiens à le dire ;)), il a, à mon avis, fait un bien fou à tout le monde. Son univers dense et complexe ouvre mille portes et je ne pense pas qu'il faille s'inquiéter de voir certains enfants/ados ne lire et ne relire que ca. La relecture rassure et surtout permet une découverte plus approfondie de l'oeuvre. C'est plutot une bonne chose ca, non ;)?

À propos de la barre des 12 ans environ: ca concerne aussi les mangas/bd ou bien seulement les romans?

Anonyme a dit…

...le plus difficile, sûrement, c'est lorsque l'on naît dans une famille qui ne lit pas. Chez moi, il y a toujours eu des livres, partout. Le livre est un animal familier, pas du tout impressionnant. Mes grands-parents paternels ne lisaient pas du tout (à part le journal, "Sud-Ouest") - c'est pourtant mon père qui a communiqué le goût de la lecture à toutes la famille (ma mère, mes trois soeurs et moi) - et la nouvelle génération (mes sept neveux et nièces) prend le relai! Donc, je considère que c'est mon père qui est à l'origine de notre "lecturophilie" familiale - lui qui me disait qu'étant petit il n'avait que le dictionnaire à lire (il adorait ça..et j'ai moi même une passion pour ces ouvrages)... Pour nous (les soeurs, les enfants) c'était une évidence! (quelle chance) - c'est sans doute pour ça que j'aime tant les librairies, c'est comme à la maison : des bouquins partout!!!!
Je pense en effet qu'on peut être heureux sans livre... mais je suis certaine que c'est "mieux" avec!
G
(et maintenant il faut que j'appelle ma "copine" Anna - 11 ans - pour lui demander de me prêter son Harry Potter quand elle l'aura terminé....)

Anonyme a dit…

Les gens n'ont plus le temps, c'est vrai ; mais du coup le livre, au-delà de la lecture, redevient un outil de réappropriation du temps intime.
Cordialement
http://poetaille.over-blog.fr