24 janvier 2007

Écrire n'importe quoi !

Puisque vous ne semblez pas trop désorientés par mes digressions, nous éloignant pourtant de la chronique de la librairie, je vais continuer à me laisser guider par les idées comme elles viennent et vous faire part de ces petits riens qui embellissent parfois le quotidien. D’autant que je lis ce matin cette réflexion de Julien Green (1900-1998) en exergue du « Journal atrabilaire » de Jean Clair : Le secret, c’est d’écrire n’importe quoi, parce que lorsqu’on écrit n’importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes. Ça libère, n’est-ce pas ? Écrire n’importe quoi, certes, mais pas n’importe comment, pensait sûrement cet orfèvre de la langue française qui disait aussi « la pensée vole et les mots vont à pied ». Comme je comprends le sens de cette assertion ! Quand j’écris, j’ai parfois l’impression qu’ils vont même à quatre pattes ! Sans parler de l’orthographe, le sujet développé il y a deux jours ! Qu’ai-je évoqué là ! Qui plus est, en faisant le malin avec un test « trouver l’erreur ». Voilà que se lève une armée de correcteurs, bien intentionnée certes, mais qui ne laisse pour autant rien passer. Arrêtez les massacre, je ne vais plus oser aligner deux mots, sans avoir à portée de main le Larousse et le Grevisse (Maurice G. – 1895-1980). En réalité, j’ai un autre référence : le Dictionnaire culturel en langue française LE ROBERT. Sans jouer les intellos, je vous promets que c’est un ouvrage grandiose. Choisissez un mot, un peu biscornu de préférence, et je vous mets au défi de ne pas vous sentir tout de suite plus intelligent. Ça se lit comme un livre d’aventure. On fait l’expérience ? Biscornu : je passe, juste avant sur « bischof », boisson faite de vin sucré, parfois épicé, dans lequel a macéré du citron et de l’orange, à la mode au XIXe siècle (Désormais ne faites plus des soirées sangria, mais des soirées bischof !). Voilà qu’arrive le biscôme : un pain d’épice souvent orné d’une image – vous prendrez bien un biscôme avec un verre de bischof ! Et enfin « biscornu » adj. 1694 de bicornu, qui a deux pointes, deux cornes ; de forme irrégulière (cf sens premier de baroque – 1531, du portugais barocco, associé à la forme irrégulière d’une perle ou d’un rocher) Et suivent 16 pages sur l’art, la littérature et la musique baroque. C’est pas du bonheur, tout ça ! On croirait presque du Muriel Robin !
Mes amis, j’arrête là le billet de ce matin, car tenez-vous bien – tenez-vous mieux ! – j’ai rendez-vous avec mon éditeur. C’est chic, n’est-ce pas ! C’est une petite maison Le Passage, à qui on doit récemment deux polars de grande classe, La chambre des morts et La forêt des ombres, de Franck Thilliez. Ce que j’ai commis et qui sortira vers fin mars s’apparente à un dictionnaire et s’intitule Le Cabinet des Curiosités Médicales. En fait il s’agit plutôt d’un genre d’album, almanach, amphigouri, ana, analecta, anthologie, atlas, biographie, bric-à-brac, catalogue, carnet, chrestomathie, chronique, codex, collection, compilation, compendium, coutumier, curiosa, digest, encyclopédie, épitomé, fablier, faits-divers, fascicule, florilège, fourre-tout, gestuaire, grimoire, hagiographie, isopet, juvenilia, légendaire, libelle, martyrologe, mirabilia, miscellanées, modernita, obituaire, opuscule, ouvroir, pot-pourri, recueil, registre, répertoire, résumé, sottisier, spicilège ou vade-mecum, et surtout c’est un curieux mélange d’anecdotes, d’archives, de chroniques, de descriptions, de dits, d’écrits, d’échos, d’énumérations, d’évocations, de faits-divers, d’histoires, d’historiettes, d’informations, d’insolites, de listes, de morceaux choisis, de nouvelles, de racontars, de ragots, de récits, de rumeurs, de souvenirs et de témoignages.
Si vous voyez ce que je veux dire, bien sûr !
À demain
Le cousin

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjours le cousin cabotin, facétieux,plaisantin qui tend des pièges à ses lecteurs pour voir ceux qui suivent...Qu'on ne vous y reprenne plus, surtout que maintenant nous savons que vous écrivez ,entouré d'une armée de dictionnaires plus ou moins spécialisés. J'aime cette idée et moi aussi j'ouvre souvent les dictionnaires et j'essaie souvent en vain d'inculquer à mes élèves de ne pas avoir honte de les utiliser.J'ai fini le Desarthe "Mangez-moi" c'est un livre plaisant qui tourne autour d'un restaurant qui s'appelle "chez moi" et qui ressemble à tout sauf à un resto.Chez elle, on se sent bien et les "nourritures terrestres" cohabitent avec les nourritures spirituelles.Il y a dans ce livre, de jolies pages, de jolies phrases.Je suis retournée dans notre librairie préférée et j'ai acheté deux livres plus sérieux en rapport plus direct avec mes projets d'agrégation:" La littérature en péril" de Tzvetan Todorov et un livre au titre provocateur : "comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?" de Pierre Bayard. Tout un programme dont je vous reparlerai plus tard...bises

litote en tête a dit…

Oui, oui, je suis preneur de toutes ces trouvailles littéraires, même si je ne suis pas sûr de tout lire. On me propose aujourd'hui d'animer une chronique littéraire sur une radio FM et vous pensez bien que je suis très impatient de découvrir "comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?" de Pierre Bayard. Ce n'est pas avec l’idée en tête de déjà gruger mes auditeurs, mais si le rythme de la chronique s'accélère (je commencerai à une par semaine), je serai bien incapable de suivre. En plus, vous l'avez deviné, je ne lis pas beaucoup de romans contemporains ; j'ai trop de à découvrir de ces livres qui font partie de l'histoire de la littérature. Enfin, j'écris et je me mets un peu en congé des livres pour me consacrer au mien. Comme vous avez joliment mis un "s" à votre bonjour, je vous dis bonsoirs et aux plaisirs de vous lire.