Ce matin, deux représentants de maison d'édition se trouvaient dans la librairie en même temps par hasard.
J'écoutais leur conversation:
-" Je me suis fait jeter par X , libraire dans la périphérie de Paris,et pourtant j'avais pris rendez-vous. C'est la troisième fois que j'y vais, j'en ai archi marre. Un coup , c'est l'ordinateur qui est en panne, une autre fois,il n'a pas encore déjeuné, une troisième fois, ce n'est pas le moment..."
-"Ah oui, je connais. Moi, c'était hier.Je n'avais pas pris rendez-vous et pourtant, il n'y avait personne dans la librairie..."
Je fais amende honorable. Une fois,j'ai mal reçu un représentant du groupe La Martinière. Je m'en souviens encore et m'en souviendrai toujours.Suite aux belles ventes de La terre vue du ciel, il nous imposait des quantités énormes de livres de photos que nous n'aimions pas trop, c'était un bras de fer à chacun de ses passages, un vrai forcing de sa part pour une librairie de 27m2.Nous n'avions plus de place pour les autres beaux livres qui nous plaisaient mieux.Les factures étaient énormes et nous n'avions pas un sou à l'époque. Nous avions une possibilité de retour mais les retours manuels de livres pesant des tonnes sont très lourds dans tous les sens du terme.C'était épouvantable et angoissant de commander dans ces conditions.Ce représentant était-il rémunéré en fonction de son chiffre d'affaire?
En tout cas, il devait mieux gagner sa vie que nous et c'est peut-être là où le bât blesse.
Depuis, je fais des efforts.
Nous nous efforçons de recevoir correctement dans la mesure du possible ces représentants qui ont un agenda chargé et une valise tout aussi chargée.A Paris, les déplacements ne sont pas toujours aisés. Nous sommes gâtées en visite et pouvons bénéficier à chacune de leur venue d'un peu de surremise, de quelques sacs ou marque-pages offerts ( de moins en moins)parfois d'un livre en service de presse. C'est l'occasion aussi d'avoir des nouvelles des uns et des autres.
Les représentants sont parfois d'anciens libraires attirés par un meilleur salaire .Dans ce métier, on rencontre des gens étonnants.
Nous en connaissions un qui arrivait toujours déprimé et très remonté après son employeur, un grand groupe.Il nous disait de ne surtout pas prendre tel titre, ce livre était archi nul et l'auteur pas sympa.Lorsqu'il nous conseillait de prendre tel roman, nous pouvions lui faire confiance et nous en prenions une pile...On riait bien.Sa méthode de travail était surprenante mais au fond, elle avait un sens.Je me demande ce qu'il est devenu ce drôle de "repré".
Il arrive que le représentant soit l'éditeur lui-même.Il faut bien commencer par là lorsqu'on démarre une maison d'édition .
Le bruit nous est parvenu qu'un libraire surnomme le livre de Jonathan Littell " Les Bienpayantes".
Demain soir, c'est l'inauguration de la librairie. Nous avons très peur qu'il pleuve.
Venez avec un parapluie...et priez pour nous.
07 décembre 2006
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