06 septembre 2006

Les livres scolaires

C'est la rentrée littéraire mais c'est aussi la rentrée scolaire.

Cette année, avec le déménagement, Maryline n'avait pas trop envie qu'on s'occupe des commandes scolaires des enfants du quartier.
Mais, après réflexion et lecture du solde de notre compte en banque, j'ai convaincu Maryline qu'il fallait mieux s'en occuper quand même.
Nos clients comprendraient -ils que, soudain, nous renoncions à ces commandes? Peut-être iraient-ils chez un autre libraire qui, lui, rechignerait moins à ce travail ingrat?

Quelle plaie que ces commandes!
Lorsque je papote avec des confrères libraires, je n'en connais pas beaucoup qui aiment commander ces livres .

1-D'abord, l'enfant ou le parent mandaté n'a pas toujours la référence précise. Aussi, aujourd'hui, une petite fille avait oublié de me dire qu'elle voulait son "worbook "avec un CD.
Je vais donc devoir retourner le livre reçu ( le n° de la facture à retrouver, bon de retour à écrire, colis à fermer, étiquette et bordereau pour le transporteur à faire ) et recommander le bon titre dont je ne trouve pas la référence sur dilicom.Coup de téléphone au distributeur...Mais la jeune cliente aux nattes blondes voulait quand même commencer à travailler sur son livre.Donc, lorsque nous recevrons le livre avec le CD, nous ne lui donnerons que ce dernier.Sa maman viendra régler plus tard en venant chercher un autre livre pas encore arrivé. Ne pas oublier de l'appeler sur son portable dès réception.
Vous suivez?

Au passage, je peste sur l'usage du mot" workbook"qui se généralise .

2) Le collégien ou le lycéen n'est pas toujours fiable. S'il trouve son livre en passant devant une autre librairie, il pourra l'acheter et oublier sa commande chez nous.
Nous devrions demander des arrhes, me rétorqueriez-vous...Mais le collégien n'a jamais d'argent et nous sommes libraires dans le quartier depuis sept ans, nous connaissons presque toutes les familles. Cela ne serait pas très sympa de notre part.
3) Le collégien, le lycéen ou parfois les parents des précités sont très pressés et désirent leur "workbook" pour le lendemain.Ils sont d'autant plus pressés qu'ils ont tardé à le commander. Leur stress rejaillit sur nous.
4)La remise consentie par les éditeurs de livres scolaires est riquiqui. Nous gagnons en moyenne 20% du Prix de vente du manuel.
Parfois, lorsque nous avons une belle commande d'un professeur pour plusieurs classes, je téléphone à l'éditeur et tente d'amadouer la direction commerciale. J'essaye de négocier quelques points de remise en prenant ma voix la plus douce, la plus persuasive. Mon discours s'est rodé avec les années: nous gagnions peu notre vie comme libraires indépendants... s'ils pouvaient consentir à un petit geste, d'autant plus que nous allons octroyer une remise de 9% au professeur...
( 20%de remise éditeur+ participation aux frais de transport - 9%de remise consentie au client+ livraison gracieuse de notre part= reste pas beaucoup)
Parfois ça marche, parfois non.
En général, je me fais poliment expliquer que si j'ouvrais un compte chez eux et que je commandais pour X milliers d'euros par an, j'aurais alors une meilleure remise.
Et puis, chez certains éditeurs (comme Belin) où nous ne sommes pas en compte, où notre coursier fait la queue au comptoir de vente- libraire le matin à l'aube, les retours ne sont pas acceptés .
Voili, voilou, pourquoi nous détestons ces commandes scolaires.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"quelle plaie cette commande" écrivez vous. hé bien nous irons ailleurs maintenant, je le dirais à mon fils et à ses camarades
je pensais que c'était agréable d'avoir des jeunes dans une librairie, que la libraire avait à coeur de les conseiller, les aider. vous êtes une marâtre.
Sylvie T.

Anonyme a dit…

Quel plaisir de vous lire à nouveau... Bravo pour ce nouvel espace tentateur, une véritable invite à la consommation, bien que "nono", la bonne nourriture et les livres trouvent grace à mes yeux... C'est tout le mal que je vous souhaite, vendre des tonnes de livres entre deux "workbook". Le rouge est assez idéal comme couleur, je le trouve parfait. Bravo aussi pour la vitrine B7.
A bientot pour un café ,

Caroline.

Anonyme a dit…

... et moi comme je vous comprends! Les libraires vous comprennent!
("et ne mettez pas les enfants dans votre jeu", Madame Sylvie T., "il n'y a pas de place pour eux" ni pour vous d'ailleurs: ce qu'on vous dit, ça n'a rien à voir avec l'humeur. On vous présente un métier, qui, sans en avoir l'air, a ses charges à vous en faire détester la gestion, et qui ne permet malheureusement pas de lire à longueur de journée.
La librairie Litote en tête est l'une des meilleures librairies de Paris, que dis-je, de France. Ne rechignez pas, et souvenez-vous du café, de tous ces livres et de cette vitrine à faire rougir un musée).
Oh oui, comme les libraires vous comprennent!

litote en tête a dit…

Sylvie T,(ou C.B.plutôt) nous n'avons aucune fonction de conseil pour vos enfants dans la commande d'une prescription scolaire.
Le livre scolaire n'est pas notre métier. Reconnaissez aussi qu'en acceptant ce boulot ingrat,nous vous épargnons une longue queue dans les grandes librairies scolaires du quartier latin.

Merci Julien Doussinault de nous comprendre et de nous défendre. A mon tour d'être entièrement d'accord avec vous: quelle horreur toute cette gestion et la paperasse autour de notre métier!
Co